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Heurtaux Joseph
Heurtaux, Alfred. Né le : 20 mai 1893. Mort le : 30 décembre 1985. Profession avant la mobilisation : étudiant. Brevet militaire le : 29 mai 1915. Parcours : 9e hussards. Affectations : MS 26, N 38, SPA 3. 21 victoires, 17 combats non homologués.
Alfred, Marie, Joseph Heurtaux naît à Nantes le 20 mai 1893, en tant qu’aîné de 4 enfants dans une famille de la grande bourgeoisie provinciale, d’une mère rentière et d’un père officier polytechnicien. Grandissant en Bretagne au gré des affectations de son père, il fréquente le lycée et en 1912 réussit le concours d’entrée de St-Cyr. Après sa première année de formation dans la troupe et la seconde dans l’école, la guerre arrive : il part alors immédiatement au front comme sous-lieutenant au 9e hussards de Chambéry. Engagé dans les Vosges, il y combat avec une extrême bravoure. A 21 ans, son physique juvénile fait douter ses subordonnés de sa maturité. Mais il va très vite les fixer : le 24 août 1914, il rallie des troupes débandées et sauve une batterie d’artillerie ; le 11 septembre il capture une voiture d’état-major et ses occupants et plus tard dans la Somme met en déroute tout un groupe d’Uhlans. Il tire profit de ces exploits pour être muté dans l’aviation à sa demande en décembre 1914, gagnant la MS 26 à Dunkerque où il sert comme observateur et côtoie le célèbre Roland Garros. Il part ensuite à Pau en avril 1915 pour y devenir pilote et y rencontre le jeune Georges Guynemer qui devient son ami. Une fois breveté, il est affecté à la MS 48 en Champagne en juin 1915, y servant pendant 11 mois durant lesquels son caractère ombrageux lui vaut des inimitiés. Son chef d’escadrille s’en débarrasse en l’envoyant au mois de juin 1916 à la célèbre escadrille N 3 du capitaine Brocard où il y retrouve Guynemer, entretemps devenu le célèbre as. Heurtaux y démontre très vite ses talents de chasseur, remportant sa première victoire dès le 9 juillet 1916, puis sa 5e le 17 août qui lui vaut le communiqué et la célébrité. Il prend lui-même le comman-dement de la SPA 3 le 9 novembre 1916 et se retrouve à diriger les plus grands as de la chasse face auxquels il n’a aucun mal à s’affirmer grâce à son autorité mais aussi son impressionnant tableau de chasse de 19 victoires en
janvier 1917. Après un court séjour en Lorraine où il est promu capitaine, Heurtaux mène ses hommes dans la région de Reims fin mars 1917 pour l’offensive du Chemin des Dames. Il y sera blessé le 5 mai et reprendra sa place au combat avec son unité dans les Flandres où les combats seront très durs : il y sera grièvement blessé à la jambe le 3 septembre, après avoir obtenu sa 21e victoire. Se déplaçant à l’aide de cannes, il ne retournera plus jamais au combat et finira la guerre en 1918 à faire une tournée d’inspection aux USA pour soutenir l’effort de guerre de l’allié américain. Il y fait la connaissance d’André Tardieu, éminence grise de la majorité gouvernementale, qui l’incite à se présenter aux élections législatives de 1919 où il est élu sur une liste du Bloc National. Il ne montrera pas un grand intérêt pour son mandat de député au cours duquel il se mariera avec sa fiancée et fondera une famille nombreuse. Son mandat terminé, il se cherche sans succès une situation mais sa célébrité se révèle être un handicap. Il émigre alors aux USA et se fait embaucher comme ouvrier chez Ford à New-York, où il grimpe les échelons de la hiérarchie et devient directeur de la succursale General Motors en France en 1927 où il revient s’installer. Il en est licencié lors de la crise de 1929 mais retrouve vite une place de directeur du personnel de la société Renault. Sympathisant du mouvement politique des Croix de feux du Lieutenant-colonel de la Rocque (droite bonapartiste, antifasciste et anticommuniste), il milite pour le réarmement français et tente de s’opposer au programme BCR de l’armée de l’Air qu’il juge être un gaspillage de moyens. En 1939, il est mobilisé à sa demande avec ses galons de colonel de réserve et se retrouve inspecteur général de la chasse. A Toulouse au moment de l’armistice, il fonde le tout premier réseau de résistance organisé, le futur « réseau Hector ». Utilisant à profit son passé de héros de guerre, il devient un notable de Vichy et obtient du maréchal des crédits pour une œuvre sociale au profit des anciens combattants. Mais il l’utilise pour collecter des renseignements militaires sur les troupes allemandes d’occupation en zone nord, lesquels sont transmis aux britanniques par voie diplomatique depuis Vichy. Le réseau, se mettant à stocker des armes et préparer des attentats, est infiltré par l’Abwehr et démantelé durant l’été 1941. Heurtaux sera arrêté par les Allemands avec deux de ses fils et déporté le 12 novembre 1941, évitant l’exécution peut être grâce à son passé de héros de guerre. Il est néanmoins déporté à Buchenwald en mars 1945 où les troupes alliées le libèrent un mois plus tard. Très affaibli, il obtiendra d’être rappelé à l’activité comme général à la mission militaire en Allemagne occupée, étant fait Compagnon de la Libération. Retournant à la vie civile en 1946, Alfred Heurtaux exerce ensuite la profession d’ingénieur conseil jusqu’à sa retraite et s’éteint le 30 décembre 1985.
Panorama De La Guerre 14-18. Encyclopédie Générale D' Histoire Et De Chronologie Depuis Les Origines, A La Fin Des Hostilités. Récits, Commentaires Et Jugements Des Faits Diplomatiques, Politiques Et Militaires. Préface Du Lt-Colonel Rousset. Article La Guerre Aérienne |