Dans un deuxième vol l'adjudant Bucquet vient en aide à un Caudron bimoteur pour mettre un Fokker en fuite.
Dans une forte brume, une deuxième reconnaissance est exécuté à partir de 15 h 30 par tous les pilotes. Le sergent Chaînat tire un rouleau de cartouches sur un avion ennemi dans la région de Montfaucon. L'avion ennemi pique et refuse le combat.
Le 25 avril, avec le retour du beau temps, l'escadrille exécute une reconnaissance avec offensive de 9 h à 11 h. Sept combats sont livrés contre des avions ennemis de réglage ou de protection. L'adjudant Bucquet livre 3 combats, le sous-lieutenant Deullin 1 combat.
Le soir une deuxième reconnaissance entre 15 h 30 et 17 h 30 est lancée. Le sous-lieutenant Deullin attaque sur le Bois des Forges un LVG de chasse qui rentre dans ses lignes.
Tous les combats sont livrés sur la ligne Bras - Aix.
26 avril. L'escadrille exécute deux patrouilles offensives sur l’itinéraire Malancourt, Bois des Forges, Brabant sur Meuse, Bois des Cors, Ornes, Aix.
La première reconnaissance est effectuée entre 5 h 30 et 7 h 15. À signaler un combat de l'adjudant Bucquet contre un LVG de chasse.
La deuxième reconnaissance part à 14 h et rentre à 16 h. Le sous-lieutenant de Peretti et le sergent Chaînat attaquent successivement un LVG qui refuse le combat dans la région de Bezonvaux. Le sous-lieutenant Deullin attaque un LVG et un Fokker. Dans le premier combat l'appareil du sous-lieutenant Deullin est touché par 2 balles qui traversent le plan supérieur droit et un longeron du fuselage. Dans le deuxième combat livré à 3 h 40 entre Braban et Douaumont l'avion ennemi a piqué très fort, apparemment atteint. L’issue du combat n’a pu être confirmée.
27 avril : Deux reconnaissances offensives effectuées sur l'itinéraire Aix, Consenvoye, Malancourt.
La première a lieu de 4 h à 6 h. A 5 h 15 le sous-lieutenant Deullin attaque deux avions ennemis du type Aviatik qui s'étaient engagés sur les lignes avec une mission de reconnaissance à l'altitude de 3600m dans la région de Bethancourt.
Le premier combat se termine par une chute d'environ 500m de l'avion ennemi au cours de laquelle un « gros paquet noir » (probablement l'observateur) est éjecté de l'appareil. Le deuxième avion est poursuivi dans les lignes après échange de coups de mitrailleuse sans résultat.
La deuxième reconnaissance part à 13 h et rentre à 14 h 30 après avoir repoussé en arrière de la ligne Consenvoye - Azannes - Bezonvaux deux groupes de 3 avions ennemis chacun.
28 avril : Reconnaissance offensive de toute l'escadrille sur le secteur de 8 h 30 à 10 h.
Le sous-lieutenant Deullin attaque un Fokker qui pique brusquement dans ses lignes.
L'après-midi ronde de chasse par le sous-lieutenant Peretti et le sergent Chaînat. Le sous-lieutenant Peretti attaque un Fokker par derrière. La mitrailleuse s'enraye. Il abandonne le combat et pique vers nos lignes. Le Fokker le poursuit et le blesse d'une balle dans les reins. Le Nieuport tombe entre la Meuse et le canal à 200m au nord de Thierville. Le sous-lieutenant Peretti est relevé mort et transporté à l'ambulance de Thierville où il est mis en bière.
Dans une lettre du 29 avril 1916 au capitaine Brocard, Deullin raconte :
« Mon capitaine, hier, vers 17 h 45, quelques heures après avoir reçu la navrante nouvelle de la mort de Jaulin et de Lacourure, le pauvre Peretti est la victime d'une grosse imprudence et d'une malchance fantastique. En ronde avec Chainat au nord de Douaumont, il attaque par derrière et en-dessus un Fokker qui se dirige sur nos lignes. Il tire une dizaine de cartouches, puis enrayage par défaut de percussion. Son support de mitrailleuse, système Quillien très surélevé de l'arrière, ne lui permet pas de réarmer sans abattre. Il a préféré s'en aller.
Chaînat arrivant à la rescousse le voit employer sa vieille tactique de la glissade à gauche, passer sous le Fokker et piquer vers Verdun. »
« Le Fokker le voit, le poursuit et, à plus de 200 m, lui tire une bande dans le dos. Puis il fait demi-tour devant Chainat. Peretti a reçu une balle dans les reins qui lui fracture le bassin. Il a la force de revenir près de Verdun et sans doute essaye d'atterrir dans les prairies de la Meuse. Sans doute à bout de forces, il tente un virage à droite, mais se laisse embarquer sur le nez, et tombe, après avoir traversé les branches d'une ligne de peupliers, entre la Meuse et le canal, à 200 m au nord du pont de Thierville.
« L'appareil est une bouillie sans nom. Peretti, projeté en avant, s'est fracturé le crâne et brisé le pied, mais il n'est nullement défiguré et conserve un sourire extraordinaire. »
Alors que le corps du sous-lieutenant Peretti est ramené à Vadelaincourt et déposé à la chapelle de l'hôpital il est proposé pour une citation qui paraît le 22 juin au Journal officiel :
Perreti (Jean), sous-lieutenant à l'escadrille n° 3 : chef d'escadrille incomparable de brio et d'allant, militaire dans l'âme et possédant au plus haut degré l'esprit du devoir, il conduisait joyeusement chaque jour-au combat son escadrille dont il avait su obtenir un rendement remarquable.
Dans l'après-midi de 16 h à 17h 15 mission de chasse parcourt le secteur Avocourt - Aix par le sous-lieutenant Deullin et le sergent Chaînat. Celui-ci rentre au bout d'un quart d'heure son moteur faiblissant.
Le sous-lieutenant Deullin attaque sur Consenvoye un LVG qui pique vers Montfaucon puis un bimoteur qui vire et remonte vers le nord. Deux autres avions ont été poursuivis sans pouvoir être rejoints.
- Les obsèques du Lieutenant Peretti et son inhumation au cimetière de Vadelaincourt sont organisées le 30 avril.
Elles n’empêchent pas le travail aérien.
Une reconnaissance offensive rive droite de 10 h à 11 h 30 est menée par le sous-lieutenant Deullin et les adjudants Bucquet et Houssemand. L'adjudant Bucquet combat un Fokker sans résultat.
Le sous-lieutenant surprend un Fokker et lui tire 24 balles à environ 15m. Le Fokker pique en fumant puis tombe en vrille et s'abat à la lisière sud-ouest des bois situés au nord de Douaumont. La chute a été observée par l'adjudant Houssemand. Le capot et le pare-brise de l’adjudant Bucquet sont éclaboussés du sang du pilote allemand témoignant de la violence du combat mené de très près.
Dans l'après-midi une ronde sur la rive gauche est engagée par les mêmes de 13 h 25 à 16 h. A travers les nuages un seul avion ennemi a été aperçu volant à faible altitude dans ses lignes entre Montfaucon et le Bois des Forges.
Le sous-lieutenant pilote Subervie affecté à l'escadrille arrive à Vadelaincourt.
- Le 1er mai, le général Pétain, est élevé au commandement du Groupe des Armées du Centre , lequel comprend, outre la 2e Armée (Armée de Verdun), les 4e et 5e Armées (Champagne et Aisne, entre Reims et Vailly).
Il établit alors son Quartier Général à Bar-le-Duc, montrant ainsi que sur le front où il dirige désormais les opérations, c’est Verdun qui reste pour lui le point capital alors que les préparatifs de la bataille de la Somme sont envisagés.
Avant de prendre ce nouveau commandement, il adresse aux troupes de la 2e Armée un ordre du jour où il écrit :
« Une des plus grandes batailles que l'Histoire ait enregistrées se livre depuis plus de deux mois autour de Verdun. Grâce à tous, chefs et soldats, grâce au dévouement et à l'abnégation des hommes des divers services, un coup formidable a été porté à la puissance militaire allemande. »
C’est reconnaître que l’évolution désastreuse de la situation de l’armée de Verdun a été stoppée et qu’une nouvelle phase peut être envisagée.
Le mois de mai commence par quatre jours de temps acceptable mais avec des orages sauf le 1er et le 3 l’après-midi où les vols sont empêchés.
Reconnaissance offensive rive droite de 5 h à 7 h, par le sous-lieutenant Deullin, les adjudants Bucquet et Houssemand. L'adjudant Bucquet attaque un avion ennemi entre Vaux et Douaumont. Le sous-lieutenant Deullin rentre au bout d'une demi-heure son moteur vibrant d'une façon exagérée.
2 mai : de 4 h à 5 h, une ronde rive droite par les sous-lieutenants Deullin et Subervie et les adjudants Bucquet et Houssemand rencontre une mer de nuages.
De 13 h à 14 h 15 la patrouille rives droite et gauche par le sous-lieutenant Deullin et les adjudant Houssemand et Bucquet affronte nuages et pluie.
Le sous-lieutenant Foucault, pilote, est affecté à l'escadrille.
Le 3 mai, de 11 h à 13 h, la ronde rive droite par les sous-lieutenants Deullin et Subervie et les adjudants Houssemand et Bucquet se fait dans un ciel très nuageux.
L'après-midi la pluie a suspendu les vols.
La journée du 4 mai est assez active bien que le mauvais temps de l’après-midi perturbe les vols.
6 h 30 à 8 h 45. Accompagnement d'un avion de photographie dans la région de Hattonchâtel puis ronde Vacherauville - Aix. Le sous-lieutenant Deullin combat un Fokker au nord d'Arnes (étaient présents sous-lieutenants Deullin et Subervie, les adjudants Houssemand et Bucquet.
De 16h à 16h 30 ronde rives droite et gauche par le sous-lieutenant Subervie et les adjudants Houssemand et Bucquet et le sergent Chaînat. L'adjudant Houssemand attaque un LVG à l'ouest du Bois des Forges l'approche à 30m sans être vu, mais son bowden casse au moment du tir.
Ronde rive droite 5h à 7h par le sous-lieutenant Subervie et les adjudants Bucquet et Houssemand ainsi que le sergent Chaînat. Le sous-lieutenant Subervie combat un LVG au nord 'Ornes. L'ennemi pique dans ses lignes et n’est pas poursuivi.
Le soldat pilote Mathis est affecté et arrive à l'escadrille.
Tout travail est suspendu le 6 à cause du mauvais temps.
La ronde rives droite et gauche du lendemain est assurée de 4 h à 6 h par les adjudants Houssemand et Bucquet et le sergent Chaînat. Celui-ci attaque à 5 h 45 entre Douaumont et le bois de Spincourt un LVG de réglage qui cabre et glisse sur l'aile. L'arrivée de 4 avions ennemis a empêché de suivre sa chute.
L'après-midi le mauvais temps arrête les missions comme les 3 jours suivants
Une patrouille de chasse de 12 à 14 h par toute l'escadrille, se développe sur le secteur Cumières - Douaumont – Aix malgré le temps nuageux du 11 mai. RAS.
Le mauvais temps nuageux persiste le lendemain. Une ronde sur le secteur de Douaumont par toute l'escadrille, de 17 h 30 à 19 h ne peut rien entreprendre étant donné le caractère très nuageux de l’atmosphère.
L'adjudant Bucquet part à la RGA le 13 pour prendre livraison d'un monoplace 110 HP.
De 7h 30 à 9h 30 une patrouille se développe sur le secteur rive droite par les sous-lieutenants Deullin et Subervie, l'adjudant Houssemand et le capitaine Pendaries. Le sous-lieutenant Deullin livre combat à 4 reprises de 8h 15 à 9h 15 à une escadrille de 5 avions ennemis (LVG et Aviatik) évoluant dans la région de Beaumont, bois de Spincourt, Vaux, Douaumont. Dans le combat son appareil reçoit 6 balles, une dans l'appui-tête, une dans l'hélice, une dans le câble de cellule, trois dans le plan supérieur droit dont une brise aux deux tier le longeron principal.
La pluie a empêché le travail du soir.
- Le 14 mai un télégramme du GQG prescrit le retour du détachement à la 6e armée.
Les 16 et 17 mai les retours à Cachy s’organisent : Départ de l'adjudant Houssemand et du sergent Chaînat. Arrivée du sergent Bloch qui vient prendre le N 908 pour le ramener à Cachy.
Endeuillant l’escadrille, le sous-lieutenant Foucault, se tue dans un accident d’atterrissage à Cachy à 8 h 30.
Départ des voitures et tracteurs, envol du sous-lieutenant Deullin et du sergent Bloch. Les sous-lieutenants Subervie et Mathis et le capitaine Pendaris passent à l’escadrille N 69 avec les appareils 871 et 997.
Le détachement prend fin. L’action de l’escadrille 3 lors de la bataille de Verdun sera évoquée dans une citation alliant les activités de Verdun et celles de la bataille de la Somme.
« A fait preuve d'un allant et d'un esprit de dévouement hors de pair, dans les opérations de Verdun et de la Somme, livrant du 19 mars au 19 août 1916, 338 combats, abattant 38 avions, 3 drachen et obligeant 36 autres avions, fortement atteints, à atterrir. »
C’est en effet pour la préparation de la bataille de la Somme que la N 3 rejoint les escadrilles N 26 et N 62 pour former le Groupe de Cachy, préfiguration du Groupe de Combat 12.
|