Les prémices
La MF 16 dans la bataille
|
La Marne
Les prémices relevées par l’aviation
Le capitaine Bellenger, commandant l'aviation de la VIème armée du général Maunoury et qui dispose de deux escadrilles (REP 15 et MF 16) décèle, dès le 2 septembre, le changement de direction de l'armée de Von Kluck. Mais le commandant du 2ème bureau, qui possède, depuis le 27 août grâce à nos services secrets, les ordres donnés à Von Kluck, ne veut pas croire les rapports qu'on lui fait. De son coté le Chef d'Escadron Charet, Directeur des Services de l'Aéronautique du Camp retranché de Paris envoie en reconnaissances des observateurs et des pilotes sur les appareils dont il dispose et qu’il tente de constituer en escadrilles cohérentes.
Les aviateurs confirment le mouvement le 3 septembre: une reconnaissance du Lieutenant de Ruppière (avion de la 6ème Armée) distingue des éléments allemands en colonne sur la route Senlis-Orry-la-Ville et des éléments d'infanterie et de l'artillerie dans le village d'Orry-la-Ville. Bellenger ne peut convaincre ni le commandant du 2ème bureau, ni le chef d'état-major; il a plus d'échos auprès des officiers de liaison du général Gallieni et du général britannique French qui avertissent leur chef. Ce n'est que le 4 à midi que Gallieni, voyant confirmées les observations de Breguet, donne des ordres à Maunoury pour se tenir prêt à marcher à l'est. « « Le 2 septembre, je m'installe au nord d'Écouen, près du P. C. de l'armée. Mes reconnaissances montrent de façon évidente que le gros des Allemands a franchi l'Oise à Verberie et en amont, en direction du sud-est, mais, en fin de marche, leurs têtes de colonne sont orientées au sud, vers Paris. Le commandant D., qui connaît par le G. Q. G. la directive du 27 août dirigeant Kluck vers la basse Seine, refuse de me croire et m'ordonne d'explorer la zone à l'ouest de l'Oise (Mantes-Beauvais), où il est sûr que se trouvent les Allemands ... Le 3 au matin, en dépit de cette affirmation, renouvelée par le 2ème bureau, je persiste à doubler les reconnaissances demandées par d'autres lancées vers l'est. La REP 15 me rend compte qu'une colonne allemande, venant de Senlis, arrive à Orry-la-Ville, mais la MF 16 me confirme que les colonnes de Kluck filent vers le sud-est et que les routes allant de Crépy-en-Valois et de Senlis vers Nanteuil-le-Haudouin et à l'est sont encombrées de troupes et de parcs. Il ne peut plus être question d'une attaque sérieuse sur Paris. Je saute en auto avec mes équipages chez D. [Dutilleux], qui, une fois de plus, se refuse à accorder foi à leurs témoignages. Même attitude du chef d'état-major ... Estimant n'avoir pas le droit de laisser ignorer un changement si important de l'aile droite allemande, je guette en vain l'arrivée de Gallieni et de Maunoury, et offre mon information à qui veut l'entendre: c'est le cas des officiers de liaison de French et de Gallieni, qui avertissent aussitôt leurs chefs ... Morne matinée le 4 septembre: mes équipages, découragés, exécutent sans entrain leur mission et je n'ose plus dépasser les ordres reçus. Vers midi, coup de théâtre: tout change... Maunoury reçoit de Gallieni l'ordre de se tenir prêt à marcher à l'est, et moi celui de « reconnaître en direction de Château-Thierry ». La nouvelle épanouit le visage de mes aviateurs, qui, repartant cette fois pleins de confiance, vérifient que les avant-gardes de Kluck sont au sud de la Marne ... La menace sur Paris est écartée et mon personnel jubile... » Lieutenant-colonel Bellenger.
Jeudi 3 septembre
*6ème armée. Escadrille R 15 Départ d'Ecouen à 8h pour Vincennes (Maison Blanche) arrivée à 12 h. Reconnaissances : Lieutenant de la Pomélie pilote R 27 observateur lieutenant Filleul 1h 30. 200 km ; Sergent Bourkadam, pilote R 34 observateur lieutenant Reusser 2h 15 250 kil. ; Maréchal des Logis Henriot pilote R 28 observateur lieutenant Hugel 1h 30 160 kil. ; Escadrille MF 16 L'escadrille se transporte à Tremblay les Gonesses. Caporal Touvet: Ecouen St Cyr pour chercher un avion. Reconnaissances : Lieutenant Prot pilote, lieutenant Hugel observateur Ecouan - Montreuil- Crespy - Betz 2h 10. Sergent Jacquenoud Senlis - Chantilly. Sergent Jacquenoud :Bombardement près Venlisane (155). 1h Lieutenant Cesari reconnaissance offensive (155). Sergent Prudhommeau Villers-Cotterêts - Senlis. Sergent Moullières Betz. Sergent Prudhommeau Senlis - Buc - Vincennes. L'escadrille signale le changement de direction de l'ennemi qui fait face à l'est. (JMO Aéronautique 6ème armée) Reconnaissance de Prot. « Je pars à 8 heures avec le lieutenant Hugel sur l'itinéraire Dammartin en Goële. Nanteuil le Haudouin, Crepy en Valois, Beze Saint Souplet. Départ 8 heures. Retour 10h 10. Altitude 1’950 mètres. Détail de la reconnaissance : Départ à 8 heures par temps très beau. Je suis la route Gonesse, Dammartin, Manteuil, pensant y retrouver les avant-gardes allemandes signalées la veille comme s'étant arrêtées à hauteur de Nanteuil le Haudouin. A mon grand étonnement, je ne vois absolument personne sur cette route. A Manteuil premières troupes allemandes. Elles ont dépassé le village, mais près de la route de Bregy - Meaux. Les éclaireurs de pointe sont vers Senneviere. Encombrement dans le village où une colonne est arrêtée pour laisser passer celles qui s'engagent sur la route de Senneviere. Sur les routes Manteuil - Crepy, Manteuil - Levignen, gros encombrement. Troupes au repos. Parcs de toutes sortes. Il semble qu'il y ait embouteillage; à Levignen, autre colonne dont la tête s'engage à Betz. La vallée de l'Ourcq étant donnée à une autre reconnaissance je reviens par le même chemin et vérifie mes premières constatations. Je reviens atterrir à Tremblay les Gonesses, P C du Q G de la VIème armée. En descendant d'avion, je dis à mon observateur: « Vous avez vu c'est curieux », voulant lui signaler par là ce qu'il y avait de curieux à voir l'armée allemande changer de direction. Il me répond: « Je vais faire mon rapport ». Les autres avions Farman étant encore à Ecouen, le capitaine Bellenger leur envoie l'ordre d'aller bombarder les rassemblements ennemis entre Nanteuil - Vaumoise, puis vient sur le terrain et me parle de ces rassemblements. Je lui dis alors que ce qu'il y a de plus intéressant c'est ce changement de direction des armées ennemies. Il me répond étonné que le lieutenant Hugel ne lui en a pas parlé. Je lui donne alors tous les détails et vais avec lui les donner au commandant d'artillerie Dutilleul. Cinq autres reconnaissances (2 Rep et 3 Farman) furent envoyées dans l'après-midi pour vérifier ce fait qui fut reconnu exact. Le soir toute l'escadrille rejoint Vincennes ainsi que l'escadrille Rep 15. » (Archives Prot)
|
|