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Hugues Marcel.

Né le : 5 janvier 1892 à Belfort (90).

Mort le : 14 juillet 1982 à Fontainebleau (77).

Profession avant la mobilisation : militaire.

Passé à l'aviation le : 25 septembre 1915.

Brevet militaire le : 15 décembre 1915.

Parcours : 172e infanterie, 407e infanterie.

Affectations : MF 22, N 77, N 81, SPA 95.

12 victoires, 4 combats non homologués.

 

Marcel, Anatole, Marie, Esprit Hugues naît à Belfort le 5 janvier 1892, dans une famille de militaires dont le père est officier d'administration, affecté dans le génie. Il obtient du ministère une bourse d’études qui permet à Marcel, âgé de 10 ans, d’intégrer le Prytanée militaire de La Flèche dans la Sarthe. Le jeune homme peu motivé pour entrer à Saint-Cyr s’engage à 18 ans dans l’armée comme simple soldat au mois de septembre 1910 ; il est incorporé au 23e régiment d'infanterie à Bourg-en-Bresse. Sergent fourrier deux années plus tard, il est muté au 172e régiment d’infanterie et s’y trouve toujours quand éclate la première guerre mondiale.

P. Guillermin

Ayant eu les pieds gelés, il doit être envoyé en convalescence à l’arrière à la fin de l’année 1914. Il est de retour dans les tranchées au mois d’avril 1915 et promu au grade de sous-lieutenant. C’est là qu’il se porte volontaire pour intégrer l’aviation et où il est admis au mois de septembre.

Après son passage en école de pilotage, il est affecté au mois de février 1916 à l’escadrille MF 22 dans les Flandres où il effectue ses premières missions de surveillance et de réglage d’artillerie. Volontaire pour intégrer l’aviation de chasse, sa demande est acceptée au mois de mai 1916 et après un passage à l’école d’acrobatie de Pau, il rejoint l’escadrille N 77 de création nouvelle en octobre 1916. C’est sur la Lorraine enneigée qu’il débute sa carrière de chasseur durant l’hiver 1916-1917. L’appareil qu’il abat le 14 février 1917 est reconnu comme sa première victoire officielle.

Après avoir été promu au grade de lieutenant, il est muté à l’escadrille N 81 dans la Marne. Son tableau de chasse s’étoffe régulièrement durant toute l’année 1917, obtenant sa 10e victoire le 23 décembre 1917. Mais ces succès lui valent des jalousies, en particulier de l’as Jacques Leps qui lui conteste l’attribution d’une victoire. L’affaire s’envenime au point que Marcel Hugues est muté en mars 1918 dans une autre escadrille pour en prendre le commandement, la SPA 95 du GC 19 commandé par le grand as Albert Deullin. Les offensives allemandes du printemps 1918 vont être l’occasion de multiplier les combats. Hugues, promu au grade de capitaine, ajoute deux nouvelles victoires officielles à son tableau de chasse mais va aussi pouvoir enseigner les règles du combat aérien à ses jeunes pilotes, au point de ne perdre que 3 d’entre eux durant les combats de 1918 pour 13 victoires homologuées à son escadrille.

Officier d’active, il est destiné à faire carrière dans l’armée après l’armistice. Il est cependant exclu de l’aviation en septembre 1919 pour un motif disciplinaire et, vexé, quitte l’armée pour se marier et travailler dans l’affaire de négoce de vins de son beau-père, s’installant à Belfort. Resté officier de réserve, il parvient à se faire réaffecter dans l’aviation en 1930 et à y effectuer régulièrement ses périodes d’entrainement pour reprendre la main au niveau du pilotage.

 

En 1937, il demande à servir en position d’activité et obtient satisfaction grâce à l’appui de plusieurs anciens compagnons. Affecté à la 4e escadre de chasse à Reims, il est promu au grade de commandant et reçoit au mois d’avril 1939 le commandement du GC I/5 sur Curtiss H-75 sur le terrain de Toul, groupe qui va se distinguer lors des combats aériens de la drôle de guerre sur la ligne Maginot, puis participer à la campagne de mai 1940. A 48 ans, il n’est plus aussi affuté au combat aérien qu’il pouvait l’être durant le conflit précédent ; néanmoins sous ses ordres le groupe restera celui qui a connu le moins de pertes au combat – 2 pilotes perdus, pour 48 victoires revendiquées sûres.

Replié en Algérie, le GC I/5 se retrouve en première ligne lors des évènements de Mers-El-Kébir. Démobilisé en août 1940 Marcel Hugues revient en France s’installer à Reims et reprend son activité de négociant en vins. Il est décédé à Fontainebleau le 14 juillet 1982 à l’âge de 90 ans.

Le 22 janvier 1917, a attaqué un avion ennemi à 20 kilomètres dans les lignes allemandes et l'a contraint à atterrir. Apercevant au retour 2 Caudron aux prises avec 1 appareil ennemi, n'a pas hésité, quoique sa mitrailleuse soit enrayée à prendre part au combat, et a forcé l'adversaire à piquer dans ses lignes, l'accompagnant jusqu'à 200 mètres du sol.

1

14 février 1917

N 77

Avion

Custines

Le 14 février 1917, à la suite d'un combat aussi rapide que brillant, a abattu un avion allemand qui est tombé en flammes.

2

20 mai 1917

N 97

Avion

 

Jeune officier aussi remarquable dans l'aviation qu'il le fut dans l'infanterie. Le 20 mai 1917, se portant à l'attaque d'un drachen, a combattu quatre avions ennemis qui s'opposaient à l'accomplissement de sa mission. A abattu l'un de ses adversaires qui s'est écrasé dans ses lignes.

3

4 juin 1917

N 97

Avion

 

Officier, pilote remarquable, a abattu le 4 juin un avion ennemi dans nos lignes (3e avion descendu par ce pilote).

4

22 juillet 1917

N 81

Ballon

 

Pilote de chasse consommé remarquable par son entrain, son dévouement et son habileté. Le 22 juillet 1917 a incendié un drachen.

5

27 juillet 1917

N 81

Avion

 

« Ordre n°5537 « D » du 28 Août 1917 – Chevalier de la Légion d’honneur.

Pilote aussi habile que brave. Passé dans l’aviation après s’être affirmé dans l’infanterie comme un remarquable chef de section. A continué à faire montre des plus brillantes qualités militaires. Volontaire pour n’importe quelle mission donne journellement l’exemple du plus grand sang-froid et d’un absolu mépris du danger. Le 22 juillet 1917, a attaqué et enflammé un drachen. Le 27 a abattu son 4e avion ennemi. Déjà 3 fois cité à l’ordre. 

6

20 août 1917

N 81

Biplace

Bois de Forges

Officier d'élite, pilote de premier ordre, superbe d'entrain et de bravoure. Le 20 août 1917 a remporté sa 7e victoire en abattant un appareil qui s'est écrasé sur le Mont Hamme exaltant ainsi l'enthousiasme de l'infanterie qui arrachait cette position à l'adversaire.

7

26 août 1917

N 81

Avion

Bois de Consenvoye

Officier d’élite, pilote de premier ordre, superbe d’entrain et de bravoure. Le 20 août a remporté sa 7e victoire en abattant un appareil qui s’est écrasé sur le Mort-Homme exaltant ainsi l’enthousiasme de l’infanterie qui arrachait cette position à l’ennemi. »

8

5 décembre 1917

N 81

Avion

Rozeweiler

9

10 décembre 1917

N 81

Biplace

Récicourt

Pilote merveilleux de fougue et d'adresse. Le 10 décembre 1917 a abattu son neuvième avion ennemi.

10

23 décembre 1917

N 81

Biplace

Bois de Landrecourt

11

11 avril 1918

SPA 95

Avion

Mesnil-St. George

Pilote de chasse incomparable. Remarquable chef d'escadrille, qui a su communiquer à ses pilotes son esprit du devoir, sa fougue et sa science du combat. A abattu les 23 décembre 1917 et 11 avril 1918 ses dixième et onzième avions ennemis.

12

3 mai 1918

SPA 95

Avion

 


Parcours: 23° R.I. du 30 septembre 1910 au 14 avril 1913.
172° R.I. du 15 avril 1913 au 31 mars 1915.
407° R.I. du 1° avril 1915 au 21 septembre 1915.
Groupe d’Aviation d’Avord du 22 septembre 1915 au 9 février 1916.
Escadrille M.F 22 du 10 février 1916 au 7 mai 1916.
Ecole de Pau du 8 mai 1916 au 14 juin 1916.
Ecole de Cazaux du 15 juin 1916 au 22 septembre 1916.
Escadrille 77 du 23 septembre 1916 au 17 mars 1917.
Escadrille 97 du 18 mars 1917 au 23 avril 1917.
Centre de Villacoublay du 24 avril 1917 au 29 avril 1917.
Escadrille 81 du 30 avril 1917 au 6 mars 1918.
Escadrille 95 du 7 mars 1918 au 4 mai 1919.

Affectations: MF 22, N 77, SPA 97, SPA 81, SPA 95
Pilote

 Hugues Marcel MF 22   Hugues Marcel N 77  Hugues Marcel Spa 97  Hugues Marcel Spa 81  Hugues Marcel Spa 95

 [Victoires] [Carrière] [Journal 1914-1918] [Carnet d'Emploi du Temps ] [ Mission ]

  Hugues Marcel hugues v2

 Hugues Marcel

  Hugues Marcel

Victoires

22 janvier 1917 N77 EA

1

14 février 1917 N77 EA Custines
2 20 mai 1917 N97 EA
3 04 juin 1917 N97 EA
4 22 juillet 1917 N81 Ballon
5 27 juillet 1917 N81 EA
6 20 août 1917 N81 Bi-place Bois de Forges
7 26 août 1917 N81 EA Bois de Consenvoye
8 05 décembre 1917 N81 EA Rozeweiler
9 10 décembre 1917 N81 Bi-place Recicourt
10 23 décembre 1917 N81 Bi-place Bois de Landrecourt
11 11 avril 1918 Spa95 EA Mesnil-St. George
12 03 mai 1918 Spa95 EA

  Hugues Marcel

Carrière

ABREGE DE LA CARRIERE DE Marcel HUGUES AU COURS DE LA GRANDE GUERRE.

Entré au service le 1° octobre 1910 comme volontaire pour 3 ans au 23° R.I.
Caporal le 25 avril 1911.
Sergent le 28 septembre 1912.
Sergent Fourrier le 27 février 1913.
Sergent Major le 2 août 1914.
Adjudant le 26 août 1914.
Sous-Lieutenant (à Titre Temporaire) le 26 avril 1915.
Sous-Lieutenant (à Titre Définitif) le 25 décembre 1915.
Lieutenant le 6 juillet 1917.
Capitaine le 28 juin 1918.

 Hugues Marcel
MUTATIONS :

23° R.I. du 30 septembre 1910 au 14 avril 1913.
172° R.I. du 15 avril 1913 au 31 mars 1915.
407° R.I. du 1° avril 1915 au 21 septembre 1915.
Groupe d’Aviation d’Avord du 22 septembre 1915 au 9 février 1916.
Escadrille M.F 22 du 10 février 1916 au 7 mai 1916.
Ecole de Pau du 8 mai 1916 au 14 juin 1916.
Ecole de Cazaux du 15 juin 1916 au 22 septembre 1916.
Escadrille 77 du 23 septembre 1916 au 17 mars 1917.
Escadrille 97 du 18 mars 1917 au 23 avril 1917.
Centre de Villacoublay du 24 avril 1917 au 29 avril 1917.
Escadrille 81 du 30 avril 1917 au 6 mars 1918.
Escadrille 95 du 7 mars 1918 au 4 mai 1919.

(document familial)

  Hugues Marcel

Journal 1914-1918

MARCEL HUGUES

AS DE GUERRE
LIEUTENANT COLONEL HONORAIRE DE L'AVIATION
ANCIEN COMMANDANT DE LA SPAD 95
12 VICTOIRES OFFICIELLES GUERRE 14-18
ANCIEN COMMANDANT DU GROUPE DE CHASSE " LA FAYETTE " DURANT LA DEUXIEME GUERRE MONDIALE

Né à Belfort le 5 janvier 1892, Marcel Hugues est issu d'une famille d'officiers.
 Son Grand-père, officier de marine trouva la mort pendant la conquête du Tonkin.
 Son père était commandant du Génie.
 Lui-même est un ancien Fléchois.

Très mauvais élève, le jour de ses 18 ans, il annonça à son père son intention de s'engager dans la Coloniale. Vivement rabroué, il opta en 1910 pour l'Infanterie et fut incorporé à Belfort. Fit Saint-Maixent. Sur 980 élèves officiers, Hugues sortit 22 ème à l'écrit qui était un examen de culture générale. Il n'y eut pas d'oral car la guerre venait d'être déclarée. Coupant ainsi à l'absorption du règlement militaire, il fut nommé Aspirant.
 
 En Août 1914, la garnison de Belfort conquiert Mulhouse en une journée et reçoit dans la ville libérée un accueil délirant. Au cours d'un assaut à la baïonnette, un jeune caporal tambour tombe frappé à mort en gémissant "quel malheur de quitter un si bon aspirant", à l'intention de Marcel Hugues. Ce dernier, sur les hauteurs de la vallée de l'Aar vécut une nuit dantesque avec des duels d'artillerie.
 Puis il y eut l'obligation de la retraite. Le 172 est envoyé sur les Hauts de Meuse où il creuse à la pelle bêche les premières tranchées ,qui d'ailleurs ne changèrent pas de toute la guerre.

 Au cours d'une attaque à la baïonnette, Marcel Hugues ressent un choc violent à la poitrine. Il se plaque immédiatement au sol et constatera un peu plus tard que la balle allemande n'avait pas fait son oeuvre meurtrière car elle avait été bloquée d'abord par un bouton de capote, par une boucle de bretelle et enfin par une médaille de Saint Christophe cousue par Madame Hugues mère.

 24 heures après cette attaque, 60% de l'effectif avait été couché par les mitrailleuses ennemies.
 69 jours de tranchées, sans aucun abris, Marcel Hugues, les pieds gelés, est évacué après 3 nuits d'insomnie au dépôt du 172 à Belfort.
  Peu après, lors de l'incorporation de la classe 19, Hugues part à la formation du 407 pour l'instruction des recrues du 7 ème Corps d'Armée.

 En mai 1915, départ pour le front, en première ligne, à Berry-au-Bac. Le Commandant avait eu raison d'intercaler chaque compagnie du 45 ème, déjà aguerrie, aux compagnies du 407. Le chef d'une section du 45 ème ayant un jour moqué Hugues sur son absence des patrouilles de nuit, Hugues fit le pari d'effectuer une patrouille à midi chez l'ennemi pour chercher un journal allemand et des cigarettes. Le jour dit, à 12 heures, Hugues bondissait hors de sa tranchée et partait face aux Allemands médusés sans recevoir un coup de fusil. A 80 m environ des lignes françaises, il y avait un poste ennemi.
  Hugues conversa avec les Allemands et échangea journaux et cigarettes. Le général de division GUERIN voulut le casser, mais le général de brigade TOULORGE le proposa pour une citation. Le général GUILLAUMAT ancien commandant du Prytanée, dont Hugues avait été l'élève, fit enterrer l'affaire.

 Au mois de Juin 1915 parait dans toutes les armes une note du Haut Commandant demandant des volontaires pour l'Aviation. - Alors qu'il était lycéen, Marcel Hugues s'était passionné pour l'aviation à la suite de conférences et de vols effectués par Ferdinand FERBER à Belfort où se trouvait en garnison le caporal aviateur Georges MADON -.
 Immédiatement, Hugues fait sa demande d'engagement dans la nouvelle arme. Il est accepté et part au Camp d'Avord, avant la grande offensive française de septembre 1915 dans le Nord.
 Reçu et accepté par le Commandant BOUCHER, il est affecté à l'Ecole Farman où il a pour moniteur Francis BRUN, son camarade de lycée à Belfort, et qui possédait un Maurice FARMAN personnel.
 Après 6 heures d'entraînement, au sol d'abord, en double commande en vol ensuite, le Sous-Lieutenant Marcel Hugues obtint l'autorisation d'être lâché seul. Lors de ce premier vol solitaire, il se sentit tellement à l'aise qu'il atteignit dès le premier tour l'altitude de 150m et alla atterrir à l'autre bout du terrain où se trouvait la division VOISIN. Il reprit immédiatement son vol et revint chez Farman où il fut assez durement accueillit par le Lieutenant LEVY, commandant la section d'entraînement FARMAN. L'émotion avait été tellement forte, que la sévère administration et le Lieutenant, demandèrent sa radiation de l'aviation. Mais le commandant BOUCHER refusa de rayer des cadres Marcel Hugues qui avait des notes d'infanterie tellement éloquentes.
  Ayant rapidement obtenu son brevet militaire d'aviation - en 5 heures-  Marcel Hugues fut dirigé, en déc. 1915, au groupe des aviateurs de réseaux (G.A.R.) a Plessis-Belleville. Il y resta un mois.

 En compagnie de plusieurs dizaines officiers de la 5 ème armée, il loge au château d'Ermenonville appartenant  au Prince RADZIWIL. Le soir l'occupation était le jeu de carte. Un soir de Baccara, Marcel Hugues se souvient encore d'une passe de 17 suivie d'une passe de 11, dans la même séance, ce qui lui aurait permis selon les spécialistes, de faire sauter la Banque à Monaco.

 Marcel Hugues fut ensuite dirigé vers l'escadrille M.F. 25, dont le commandant était le capitaine DROUOT, lui-même  ancien du Prytanée Militaire. Les travaux effectués par l'escadrille étaient: réglage d'artillerie, photographies. Ces missions pesaient lourdement au nouveau pilote qui avait  un peu l'impression d'être un conducteur de taxi. Le travail réel était en fait effectué par l'officier d'artillerie observateur qui réglait les tirs par T.S.F.
  Marcel Hugues fit alors jouer les relations paternelles et amicales et obtint au début de l'année 1916 son passage pour la Chasse.
 
 Il fut alors dirigé avec la première fournée d'aviateurs, à l'Ecole de chasse de Pau, où il rencontra un personnage extrêmement pittoresque: le moniteur SIMON - tellement myope qu'il lui fallait deux paires de lunettes pour y voir clair-. Aux élèves pilotes il disait tout simplement: "Partez, et faites ce que vous voulez". C'est à Pau que Marcel Hugues fit ses premières acrobaties. Retournements, vrilles, loopings. C'est l'inénarrable SIMON qui lui demandait des explications, et Hugues de répondre simplement: "pour la vrille, par exemple, pied à gauche, manche à balai tout droit et pousser en avant, et alors la vrille s'arrête instantanément."
 Des concours d'adresse, d'atterrissage en particulier, étaient organisés entre les pilotes: Marcel Hugues et SARDIER étaient les seuls à réussir à faire stopper leurs NIEUPORT sur une ligne blanche, tracée préalablement à la chaux, qui devait se placer entre la roue et la béquille. (Il n'y avait qu'une béquille sur le NIEUPORT).
 Lorsqu'un appareil sortait des ateliers de révision du parc, c'était Marcel Hugues qui était chargé de faire l'essai et de s'assurer que l'avion était en parfait état de marche.

 Lors de son départ pour le front, Marcel Hugues fut appelé par le capitaine CAMPAGNE; commandant l'Ecole, qui lui demanda de former une escadrille composée par les élèves de l'Ecole de Chasse de Pau. Hugues désigna HAUSSE, SARDIER, BOYAU, HAVET et MARIA (sans jeu de mot). Ce dernier était le fils d'un notaire de Marseille.

 Ce fut la NIEUPORT 77 créée en automne1916 dont le commandement au départ fut assuré par le Commandant De L'HERMITTE arrivant en droite ligne du Front d'Orient. Marcel Hugues fit un bref séjour à Villacoublay, en oct. 1916, où il effectua les premières vrilles sur l'appareil N.23; appelé aussi de cette manière car sa surface portante était de 23 m².

 Fin Oct. 1916, Marcel Hugues est à Toul.

 C'est durant l'hiver 1916-1917 qu'il remporta sa première victoire sur NIEUPORT, face à un biplace allemand qui pris feu au sol. L'adjudant REBOURS qui accompagna l'appareil militaire ennemi dans sa chute fit homologuer cette victoire, car l'Allemand s'était écrasé dans les lignes françaises. Marcel Hugues avait perdu de vue l'appareil ennemi au cours de sa chute.

 Désirant rejoindre  un de ses anciens camarades de la Flèche, BAILLY, qui commandait l'Escadrille N.81 basée en Champagne, Marcel Hugues ne resta pas longtemps à Toul. Sur sa demande il fut immédiatement muté, et à l'escadrille N 81 il remporta plusieurs victoires.
 
 Un jour, en patrouille au-dessus du Camp de Mourmelon, Marcel Hugues est attaqué par un monoplan peint entièrement en noir. Pour éviter le tir ennemi il commence à tourner sous lui en perdant rapidement de l'altitude. Les SPAD venaient d'arriver et c'était la première fois que Marcel Hugues pilotait cet appareil de combat. Or, à ses débuts, le SPAD était affecté d'une maladie terrifiante qui avait causé la mort de plusieurs pilotes: après une descente rapide et prolongée, l'essence n'arrivait plus au carburateur. A l'altitude de 1000 m, Hugues n'a plus de moteur, il continue néanmoins à piquer dans l'espoir que les hélices, même en tournant lentement, remettront le moteur en marche (mais évidemment à ce moment-là, l'origine réelle de la panne était complètement inconnue du pilote).
 Or jetant un coup d’œil en arrière, Marcel Hugues s'aperçut que l'Allemand avait fait explosion ou bien avait été touché par un obus français ou allemand, ou bien encore une ressource acrobatique, le pilote ayant exagéré la manœuvre, avait provoqué l'éclatement de la cellule.
 Hugues refusa l'homologation de cette victoire, à son avis imméritée. Il consigna simplement cette explosion dans son carnet de vol.

 Marcel Hugues avait toujours été bricoleur. Dès l'âge de 13 ans, il possédait une motorette fabriquée à Genève et offerte pas sa grand-mère. La puissance de l'engin faisait bien ¼ de cheval. L'engin fut bientôt remplacé par une motocyclette 2 CV Peugeot, dont Hugues aimait à décortiquer et remonter le moteur.

 Mis en présence des défectuosités de SPAD en vol, dont le réservoir partiellement circulaire se trouvait sous les pieds du pilote dans le bas du fuselage, Marcel Hugues pensa que la panne était due au fait que l'essence n'arrivait pas, par manque de pression (sans doute par mauvaise circulation de l'air).
 Or les SOPTWITH anglais possédaient sur l'une de leurs jambes de force du train d'atterrissage un petit moulinet à air. Avec l'aide de MAITRE, son mécanicien, un ancien de la marine de La Rochelle, Marcel Hugues monta l'un de ces moulinets, modifia les canalisations d'arrivée d'air de façon à ce que celui-ci, entraîné par la pompe à air du moulinet arrive très régulièrement dans le réservoir d'essence.
Le SPAD classique possédait bien une pompe à air mais entraînée seulement par l'arbre à cames d'une des deux rangées de cylindres de l'HISPANO en V 180 HP.

 Dès la réception des premiers SPAD, la révision ou le changement de moteur demandait plusieurs jours de travail, tellement il y avait de boulons et de rivets sur le capot. Hugues fit fabriquer par les mécaniciens de son Escadrille, avec des ressorts de voitures CHENARD en particulier, un outillage spécial grâce auquel un jour, en rentrant de patrouille sur le terrain de Revigny à 10 h du matin avec une panne de moteur, il put, à 13h, reprendre le combat, moteur changé et réglage de tir à la mitrailleuse sur la butte terminé.
 La 2° escadre aérienne du Commandant MENARD prenant exemple sur les résultats de l'expérience Hugues, modifia très rapidement la plupart de ses appareils avec le moulinet à air des SOPWITH.

 20 ans après la Première Guerre Mondiale, Monsieur LACOSTE, Président directeur Général d'Hispano-Suiza, rencontra HERBELIN, cousin de Marcel Hugues et as de la Guerre, lui déclara "Hugues a résolu, seul, un problème que mes ingénieurs ont mis près d'un an à élucider"

 Un jour de présentation du SPAD, Marcel Hugues part au ras du sol, fait immédiatement 2 tonneaux successifs et effectue une démonstration éblouissante. C'est alors que PINSARD, l'As aux 27 victoires homologuées, veut faire un vol personnel et démontrer son habileté. Au décollage, il fait une chandelle suivie de 5 mn de retournement. Mais l'altitude était insuffisante et il percuta le sol. PINSARD fit un vol plané d'une quinzaine de mètres et resta une semaine dans le coma.
 20 ans plus tard au Café de Paris, PINSARD tape sur l'épaule de Marcel Hugues et lui dit : " comment vas-tu virtuose ?"

 Alors qu'il était en patrouille et qu'il ne possédait aucune silhouette du nouvel appareil Breguet d'observation dont la caractéristique était le plan supérieur des ailes en dièdre, Hugues attaqua, mais arrivé à 50 m de l'avion théoriquement ennemi, il s'étonne que le mitrailleur d'en face n'ait aucune réaction. Surpris, mais conservant suffisamment de sang-froid, Hugues n'appuie pas sur la détente de sa mitrailleuse; au contraire il pousse un peu en avant le manche à balai en s'écartant légèrement latéralement. C'est cette manœuvre qui lui permit d'apercevoir une magnifique cocarde tricolore. Au retour sur le terrain, Hugues apprit que le nouvel appareil était piloté par le futur général VUILLEMIN qui, par la suite, témoigna beaucoup d'amitié à celui qui avait failli le descendre.

 En patrouille au-dessus du ruisseau de Forges, Hugues en combat aérien, tua l'observateur de l'avion ennemi mais n'arriva pas à ajuster le pilote, si bien que l'allemand réussit à se poser à quelques centaines de m des lignes françaises: un pilote de guerre n'est pas un assassin, Hugues n'achèva pas son adversaire mais il se trouva à court d'essence ( l'autonomie du SPAD était  environ de 75 mn) et il ne put se poser car au-dessous de lui se trouvaient d'énormes entonnoirs d'eau verdâtre où la noyade était certaine.
 A 100 m de nos lignes, le moteur cale; juste le temps de faire un virage et de piquer de telle manière que le moteur ait une chance d'être réalimenter par une nourrice de 15 à 20 l. A quelques mètres des marais, Hugues vit avec soulagement l'hélice repartir.

 Hugues qui avait réceptionné les premiers SPAD à l'escadrille N 81 un mois avant l'offensive allemande de1917, sur l'ordre de l'Etat Major, prit le commandement de la SPA 95.
  Cette transformation, Hugues la réalisa en un mois, durant l'été 1917, avec des pilotes qui n'avaient piloté que des NIEUPORT d'une escadrille d'armée et sans aucune victoire pour l'unité.

 Quand les premiers SPAD arrivèrent à l'escadrille, leurs moteurs avaient une fâcheuse tendance à s'arrêter lors de figures d'acrobatie, des loopings en particulier. Hugues transforma le réglage des masselottes des carburateurs afin d'augmenter la contenance d'essence dans la cuve. Avec le Caporal mécanicien CHRISTOPHE qui fabriqua un appareil avec un manomètre indiquant la pression d'air envoyée dans le réservoir, en une demi-heure, le carburateur était réglé et remonté.

  C'est avec une émotion non dissimulée que Marcel Hugues évoque le souvenir du Sous-Lieutenant Pierre de FLEURIEU de la SPA 95. Quelques temps après  sa prise de commandement de l'escadrille, Hugues obtint la nomination à son unité d'un jeune pilote, le Sous-Lieutenant Pierre de FLEURIEU qui était en réserve à Plessis-Belleville. Le "nouveau" arriva peu avant la bataille de la Somme, juste au moment de la formation de la SPA 95. Les jeunes pilotes avaient à peine 30 jours d'entraînement. Dès son arrivée, Pierre de Fleurieu se révéla d'une volonté, d'un courage et d'une adresse exceptionnelle. En moins d'un mois, il avait 5 victoires officielles à son palmarès.
Mais Hugues s'inquiétait et répétait souvent à son pilote: "vous allez trop fort, surveillez davantage vos arrières". Ces craintes n'allaient pas tarder malheureusement à être justifiées.
  Au cours de la bataille de la Somme, Hugues et De FLEURIEU combattaient à côté, et De Fleurieu a la joie d'assister à une nouvelle victoire de son chef d'escadrille, juste après que celui ci se fut trouvé en difficulté après avoir attaqué un deuxième appareil ennemi.
  Après ce succès, une odeur d'essence se répandit dans la cabine de SPAD et Hugues constata avec effroi que ses pieds pataugeaient dans plusieurs centimètres d'essence. Il était alors à plusieurs kilomètres des lignes et la manœuvre était délicate. S'il diminuait l'essence, le moteur risquait de s'arrêter et le pilote n'avait pas de parachute; il y avait évidemment un gros risque d'incendie. D'autre part, Hugues ne voulait pas perdre son appareil dont il était amoureux. Il commença donc à descendre lentement en laissant un doigt sur le contact moteur. Avec beaucoup de chance, il regagna le terrain de Plessis-Mesnil à 25 kms environ des premières lignes.
  Là, il fut reçu par un officier de cavalerie qui se permit de le fustiger; lui déclarant qu'il était inadmissible qu'un pilote de combat se posa sur un terrain alors que la bataille faisait rage. Le cavalier reçut une paire de gifles. Cet incident n'eut aucune suite, l'Etat Major enterrant l'affaire. L'amertume de Marcel Hugues fut bien vite effacée quand Pierre de FLEURIEU vint lui sauter au cou avec enthousiasme pour la victoire qu'il venait de remporter.
 L'accident était du au fait que le couvercle du carburateur s'était dévissé et avait sauté.

 Au cours d'un combat avec de nombreux appareils ennemis, et malgré les conseils de prudence qui lui étaient toujours donnés par Hugues, Pierre de FLEURIEU poursuivant un adversaire, fut attaqué par un FOKKER dont le tir l'atteignit au bras droit. Hugues à quelques centaines de mètres au-dessus, a vu que son pilote était touché. Il voulut lui porter secours mais s'aperçut que son hélice était déficiente et ne marchait que par intermittence. (Sans doute une rupture de l'arbre ou de l'engrenage). De FLEURIEU descendit lentement, Hugues en fit autant évidemment, et après une perte de vitesse qui faillit lui être fatale au dernier virage, il réussit à poser son appareil à côté de celui de De FLEURIEU, un peu à l'intérieur de nos lignes. Devant l'état du bras droit de son camarade, Hugues défait prestement la cravate bleue réglementaire de chasseur de De FLEURIEU et en fait un garrot. A pied, les deux hommes regagnent péniblement les lignes françaises où ils rencontrent des artilleurs qui les amènent à leur PC d'abord, à l'hôpital de Villers-Cotteret ensuite. Là, 3000 blessés hurlaient de douleur sous les tentes. Le chirurgien qui examina le bras de De FLEURIEU n'avait pas dormi depuis deux nuits; il voulut pratiquer d'emblée une amputation. Hugues supplia de n'en rien faire: une intervention non-mutilante fut réalisée au cours de laquelle Hugues, tenant le masque d'Ombredanne fit office d'anesthésiste.
  Il quitta l'hôpital et rejoignit l'escadrille. Le lendemain, tôt le matin, il retrouva De FLEURIEU et subrepticement l'emmena à Paris chez l'éminent chirurgien De MARTEL qui opérait à l'Hôtel Astoria aux Champs Elysées. Hugues renouvela ses supplications pour éviter l'amputation, mais l'état du blessé nécessita cette mutilation au bout d'une huitaine de jours. Pour ce voyage inopiné à Paris, Hugues reçut des remontrances de son chef de Groupe, le fameux DEULLIN, qui lui reprocha d'avoir quitté son escadrille et le front sans autorisation.
 DEULLIN commandant le GC 19, n'en voulut pas longtemps à Hugues qu'il tenait pour l'entraîneur de son groupe de chasse à qui il répétait volontiers "c'est à toi que je dois mon groupe". Le GC 19 faisait partie de la 1 ère Escadre de Chasse commandée par le colonel MENARD.
  Une deuxième escadre fut bientôt créée et commandée par de MARANCOURT.
 3 mois après son opération, De FLEURIEU demanda avec insistance et obtint sa réintégration à la SPA 95. A son intention, Hugues avait fait un appareil à commande de gaz spéciale montée sur le manche à balai. De FLEURIEU pilota admirablement et de son bras gauche tira parfaitement et efficacement avec sa mitrailleuse de St Etienne.

 C'est ainsi qu'après la guerre, le Lieutenant Pierre De FLEURIEU prit part à la formation de la première escadrille française d'acrobatie composée de SPAD 80. En mars 1919, cette escadrille, sous les ordres du capitaine Hugues, se rendit aux Jeux Olympiques de Lausanne au grand dam de la presse de Zurich.

 BRUNEL GRAFIN fut lui aussi pilote à la SPA 95. C'est Hugues qui le forma. Il devint un excellent pilote d'escadrille. Un jour pourtant, une panne de moteur le fit atterrir hélice calée et son appareil heurta le talus de la route qui bordait la piste. BRUNEL GRAFIN dut subir l'amputation de la jambe gauche.
  10 ans après les hostilités, Hugues retrouva son ancien pilote à Pont-St-Esprit et les deux hommes restèrent en relations jusqu'au jour où la mère de BRUNEL GRAFIN apprit à Marcel Hugues la mort de son fils qui était décédé dans ses bras et dont les dernières paroles avaient été "Mon Capitaine".

 Marcel Hugues demeura à la Spa 95 jusqu'à la fin de la guerre. A l'Armistice l'escadrille était à Airaines dans la Somme, et la nouvelle atteignit les pilotes à l'heure du déjeuner. La plupart des hommes eurent les larmes aux yeux, car depuis un certain temps ils savaient que l'Allemagne était véritablement à genoux, et la cessation des hostilités les frustrait d'une victoire totale.

 Hugues ne reçut jamais une balle dans son appareil.

 Il est titulaire de 12 victoires aériennes officielles.

 En réalisa plus de 20 qui figurent sur son carnet de vol personnel.
 Il termina la guerre avec le grade de Capitaine à titre définitif sous les ordres du commandant de groupe DEULLIN.

 En mars 1919, Marcel Hugues fut désigné par le Colonel De VAUGRENAND pour construire l'escadrille de démonstration d'acrobatie réclamée par le Baron de COUBERTIN pour les Jeux Olympiques de Lausanne.

 Au retour de la manifestation aéronautique, Hugues s'arrêta à Belfort pour voir sa fiancée et envoya un message à son colonel; mais par suite de la carence d'un téléphoniste ce message n'arriva jamais à destination; malgré la défense paternelle du Général de MARENCOURT, le colonel De VAUGRENAND infligea 30 jours d'arrêts de rigueur à Hugues et le cassa de son commandement de la SPAD 95. Marcel Hugues préféra démissionner.

 En 1959, 40 ans après  la guerre, Hugues demeurait à Reims. Un jour, l'un de ses anciens pilotes lui téléphona "mon Capitaine, peut-on vous rendre visite?"-"Evidemment". Et c'est ainsi que Marcel Hugues vit arriver devant chez lui 12 voitures dans lesquelles, venus de tous les coins de France, avaient pris place les anciens pilotes, les anciens mécaniciens, bref tous les survivants de la glorieuse SPA 95 venus témoigner leur vieille et fidèle affection à leur ancien commandant d'escadrille.

(document familial)

  Hugues Marcel

 Hugues Marcel

Carnet d'Emploi du temps

 Départ en mission

Hugues FBK

Marcel Hughes partant en mission sur son Spad VII au printemps 1918 (SPA 95).

(Remercements à Gérald Lerouge)

 Hugues Marcel