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Lescuyer Jean


Né le: 29 mai 1897
Mort le: 28 juillet 1916
Profession avant la mobilisation:
Passé à l'aviation le:
Brevet militaire le:
Parcours:
Affectations: VB 101
Pilote

 Lescuyer Jean  Lescuyer Jean
 

 Lescuyer Jean VB 101

 Lescuyer Jean

 
 Lescuyer Jean
 
 Lescuyer Jean
 
 Lescuyer Jean
 

LA MORT GLORIEUSE DU CAPORAL AVIATEUR LESCUYER
EXTRAIT DU JOURNAL « LE NOUVELLISTE » (1916)

Le 28 Juillet dernier, le caporal Jean Lescuyer de l’escadrille VB 101 était tué au retour d’un bombardement des lignes allemandes.

Cette terrible nouvelle mettait en deuil une de nos meilleures familles rennaises, le capitaine et madame Lescuyer.

Le caporal Lescuyer, engagé pour la durée de la guerre, le 15 Juillet 1915 à 18 ans était de cette élite de la jeunesse française qui n’a jamais failli à son devoir. D’une famille de militaires, il allait suivre le chemin d’honneur et de devoir que lui avait montré son père et ses oncles.  Profondément chrétien, il avait puisé dans sa foi ardente, le courage et les qualités morales qui font des jeunes gens des héros. Il devait prendre part dans la nuit du 28 au 29 Juillet 1916, à un bombardement des lignes allemandes. A 21 heures, il prend son vol avec l’adjudant Thévenard, sur son appareil habituel. En raison d’une panne de moteur, il redescend, prend un nouvel appareil Voisin et repart à 20 heures 30 accomplir sa mission.

Vers 21 heures 30, les camarades d’escadrille rentrent sans incident. Lescuyer en raison de son départ tardif n’est pas rentré. Le capitaine surveille leur rentrée un peu inquiet. Tout le monde se couche. Enfin à minuit et demi un ronflement de moteur se fait entendre. Ce sont eux. Survolant le lieu d’atterrissage, passant au dessus des tentes, Lescuyer fait son virage mais s’aperçoit qu’il va mal atterrir ; il remonte, refait son virage, quand soudain l’appareil pique et culbute et vient s’écraser sur le sol. Tout était fini : pas de souffrances. La mort brutale avait frappé avec une rapidité foudroyante. Les membres et le bassin sont brisés, la mâchoire fracassée, l’œil gauche abîmé.

Le capitaine se  précipite. Les mécanos réveillés en sursaut accourent : rien à faire. La France compte deux martyrs de plus. Lescuyer et l’adjudant Thévenard sont tombés dans le même glorieux linceul à leur poste de combat, leur mission terminée.

On recueille leurs dépouilles, une chambre mortuaire est préparée dans la salle du patronage. C’est là, dans le calme sublime du devoir accompli que leurs chef, leurs camarades, tous les habitants de S… apporteront avec leur admiration et leurs prières des gerbes de fleurs et des couronnes.

Le capitaine L… commandant d’escadrille V.B 101 en annonçant cette terrible nouvelle au capitaine Lescuyer écrivait : «  votre fils était l’un de ceux qui m’étaient le plus cher et qui s’annonçait comme l’élite de l’avenir. Il m’a été bien facile de l’apprécier à sa juste valeur dès les premiers jours de son arrivée. Son éducation exemplaire, sa solide instruction,ses belles qualités morales, son intrépidité m’ont été révélées dès le premier abord et de jour en jour s’étaient hautement confirmées. "J’ai connu ses nobles aspirations et j’admirais son élan pour leur réalisation. Souvent j’intervenais pour modérer son ardeur débordante et ses camarades même ne cessaient de le mettre en garde contre sa fougue parfois trop audacieuse. En un mois de labeur, il avait acquis, chose fort rare, son droit à la croix de guerre. Il aurait brûlé les étapes pour l’acquisition des grades successifs et dans ma pensée il portait déjà l’épaulette.

Il aimait à passer ses moments de loisir chez M. l’abbé Langlet curé de S… et celui-ci écrivait : «  s’il fut un exemple pour ses camarades, il fut pour moi un sujet d’admiration. »

« Heureuses les familles qui possèdent de pareils enfants ».

Jean Lescuyer et Thévenard ont été inhumés dans le petit cimetière du village de S… Sur leurs tombes couvertes de fleurs et de couronnes aux larges rubans tricolores, le capitaine L… devant l’escadrille et une foule émue leur a adressé le suprême adieu que scandait le grondement du canon et que nous sommes heureux de pouvoir reproduire.

« Caporal Lescuyer, adjudant Thévenard, au nom de l’escadrille 101, au nom des frères d’armes qui ont partagé vos joies, vos peines et vos espoirs, qu’il me soit permis de vous dire quelques mots d’adieu. Je les puise dans la haute estime que vous avez si bien mérité, dans la grande affection que toute l’escadrille ressent pour vous en ce moment d’épreuve douloureuse. Un mois de présence parmi nous vous a suffi pour conquérir de suite toutes les sympathies. Votre droiture, votre entrain, votre gaîté, toutes vos nobles qualités se sont amplement épanouies au contact des âmes sœurs, des volontés résolues auprès desquelles vous avez suivi le glorieux chemin.

Caporal Lescuyer, engagé volontaire pour la durée de la guerre le 15 Juillet 1915, à l’age de 18 ans. Après un rapide entraînement dans les écoles d’aviation, il est affecté à l’escadrille V.B. 101. A peine à la tache, il se révèle comme pilote d’une hardiesse exceptionnelle et d’une bravoure remarquable. Pas un instant, il ne s’arrête aux difficultés sans nombre qui entravent les débutants dans un si dur labeur. Qu’importent les brumes intenses dans les nuits obscures ; qu’importent les puissants projecteurs qui happent l’avion au passage tandis que la mitraille éclate de toute part. Lescuyer va droit au but, une idée le domine. « Je dois suivre la trace de mes aînés ». Et il la suit avec une gaîté d’esprit merveilleuse.
 « Dix bombardements de nuit effectués dans l’espace de 25 jours, dans des conditions atmosphériques souvent très difficiles, tel est le fruit de ses efforts.

Le 28 Juillet à 21 heures, Lescuyer prend le départ pour accomplir sa mission. Après une demi heure de vol, une panne de moteur l’oblige à atterrir. Il rejoint le terrain avec regret et ne s’avoue pas vaincu. Un autre appareil dont le pilote est absent est là sous le hangar. Lescuyer s’en empare et reprend son envolée vers l’objectif. Trois heures plus tard, la traînée lumineuse de ses phares annonce son heureux retour. Sa mission est accomplie. L’avion descend en orbes réguliers vers le terrain et tandis qu’il reprend son dernier virage pour atterrir, nous le voyons soudain perdre l’équilibre et faire une abatée à pic sur le sol. Nous accourons mais l’appareil n’est plus qu’un amas de toiles déchirées, de fer tordu et le cœur des deux braves a cessé de battre.

« Adjudant Thevenard, caporal Lescuyer, nous saluons une dernière fois vos dépouilles mortelles, mais il est une chose qui ne mourra jamais en nous, c’est le souvenir de votre bravoure. Votre héroïque exemple survivra parmi nous et nous le suivrons j’usqu’au jour où sonnera la victoire. »

  Maintenant, ils reposent là-bas, tout près du front. Du fond de leur tombe, ils entendent encore gronder le canon et ronfler les moteurs. Gloire à eux, ils ont fait tout leur devoir ! Au capitaine et à Madame Lescuyer, à leurs enfants, aux familles Le Grand de Lacour et de Moustiers, le Nouvelliste adresse ses condoléances émues. 

 
 
Lescuyer Jean
 
Lescuyer Jean
 
Lescuyer Jean
 
 
 

 JMO du GB1. 28 juillet 1916
 Lescuyer Jean

Coupures de presse
  Lescuyer Jean   Lescuyer Jean

 Lescuyer Jean   Son père est décoré

 Cimetère militaire de Catenoy (situé à quelques kilomètres de Sacy le Grand )

 Lescuyer Jean