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Narisi Raoul
Voici en quels termes, le sergent Laage dont nous parlons d’autre part, annonçait la mort du caporal Narisi, tombé au champ d’honneur, le 4 mai 1917 : « Je viens remplir un douloureux devoir, celui de vous confirmer, hélas ! que Raoul n’est plus. Sa disparition nous a été cruelle à tous, car vous n’ignorez pas combien nous avions tous d’estime et d’affection pour lui. Raoul était un brave, il est mort comme un héros en loyal combat. Je ne veux pas chercher à atténuer une douleur qui doit être immense, il n’est pas d’expression pour cela, mais je voudrais vous aider à supporter plus facilement ce malheur qui vous atteint aux plus belles heures de votre vie. L’escadrille était partie bombarder la gare de Sierentz, petite ville au sud de Mulhouse, sur la rive gauche du Rhin. L’aller s’était effectué sans autre incident que les coups de canons ordinaires. Narisi dont l’appareil marchait plus vite que les autres, prenait de la hauteur, quittait le groupe et, au lieu d’aller en ligne droite sur l’objectif, faisait un crochet par le nord de Mulhouse et redescendait le long du Rhin. Il était tellement loin et haut que ses camarades le perdaient de vue. Au retour, attaqués par des chasseurs boches, les français, bien groupés, les obligeaient à rebrousser chemin. Mais à ce moment, Narisi, isolé, recevait le choc. L’un de ses amis virait pour aller lui porter secours quand il le voyait descendre en feu, atteint par une balle incendiaire. Son appareil piquait complétement du nez, ce qui prouvait que le pilote avait été touché lui aussi. La chute fut d’une effroyable rapidité. Raoul n’a pas souffert ; il fut tué net, par une balle explosive qui mit le feu au réservoir d’essence ».
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