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Sardier, Gilbert Jean .

Né le : 5 mai 1897 à Riom (63).

Mort le : 7 octobre 1976 à Clermont-Ferrand (63).

Profession avant la mobilisation : étudiant.

Passé à l'aviation le : 29 décembre 1915.

Brevet militaire le : 19 mai 1916.

Parcours : 5e rgt chasseurs d’Afrique.

Affectations : N 77, SPA 48.

14 victoires, 2 combats non homologués.


SHD-Vincennes

Jean, Marie, Luc, Gilbert (prénom d’usage) Sardier naît le 5 mai 1897 à Riom dans le Puy de Dôme, quatrième garçon d’une famille bourgeoise provinciale, où son père exerce la profession d’avoué. En grandissant, le jeune homme se passionne pour le sport, pratique la course à pied et le vélo, devenant champion de bicyclette amateur du Puy-de-Dôme. Il admire également les exploits des premiers aviateurs et tout particulièrement Eugène Gilbert qui réalise en 1911 et 1912 des exhibitions locales. Elève appliqué, il obtient son baccalauréat à 17 ans et se destine à faire des études de droit pour suivre la voie de son père, mais la guerre vient contrarier ses projets.

Alors que ses trois frères sont mobilisés et l’un d’eux capturé, le jeune Gilbert brûle de se battre et avec l’autorisation de son père s’engage à la mairie de Riom le 7 septembre 1914, étant incorporé au 5e régiment des chasseurs d’Afrique. Il aimerait servir dans l’aviation mais à cette époque aucun engagement n’est accepté dans cette arme. Il est alors envoyé au front avec le grade de brigadier après avoir fait ses classes, mais très vite la guerre des tranchées rend l’arme de la cavalerie inutile et dès lors il n’a de cesse que de vouloir s’en échapper pour intégrer l’aviation. Après plus d’une année à multiplier les demandes de mutation au cours de laquelle il est promu maréchal des logis, son rêve se réalise le 29 décembre 1915 quand il reçoit l’ordre d’intégrer les écoles de pilotage.

Il en ressort breveté et affecté au mois de septembre 1916 à la N 77, une escadrille nouvelle qui se forme sur le terrain de Manoncourt-en-Vermois sur le front de Lorraine, et où il se lie d’amitié avec le sergent Maurice Boyau, capitaine de l’équipe de France de rugby avec qui il partage le tempérament sportif. C’est Sardier qui remportera la

Greg VanWyngarden

Lieutenant Gilbert Sardier devant son SPAD XIII.

première victoire aérienne homologuée de l’escadrille le 7 novembre 1916, aux commandes du seul Nieuport 12 biplace de l’escadrille dédié aux missions de reconnaissance. Volant en compagnie d’un observateur (le S/Lt Georgeot), les deux hommes s’égarent et croisent la route d’un appareil qu’ils identifient comme un ami mais qui les attaque : Sardier manœuvre pour éviter le tir tandis que Georgeot riposte d’une rafale, touchant l’ennemi qui disparaît dans un piqué. Les deux hommes apprennent à leur grande surprise en retournant à leur terrain que l’avion a bel et bien été abattu !

Malgré cet exploit, le ciel de Lorraine reste assez calme car aucune opération militaire ne se déroule sur cette partie du front. Cela convient assez peu au tempérament des pilotes de la N 77 pour beaucoup issus du monde sportif et qui vont aller chercher l’ennemi chez lui en effectuant des missions de bombardement à bord de leurs chasseurs, et s’en prendre – Maurice Boyau en tête – aux ballons captifs ennemis fortement défendus par la DCA. C’est à l’occasion d’une telle attaque que Sardier remporte sa 2e victoire le 3 juin 1917, en collaboration avec Boyau. C’est aussi son seul succès de l’année 1917 ; il lui faudra attendre le début de l’année 1918 pour que, l’expérience aidant, il augmente de manière significative son tableau de chasse en remportant deux victoires en janvier et février, toujours en Lorraine.

En ce même début d’année 1918, la SPA 77 est amalgamée avec trois autres escadrilles pour former le GC 17, lui-même intégré dans la division aérienne du général Duval qui sera de tous les combats contre l’aviation allemande lors des offensives allemandes du printemps 1918. Hâtivement envoyée dans la Somme puis dans l’Aisne de mars à juin 1918, la SPA 77 va connaître de nombreux affrontements et Gilbert Sardier ajoute à l’occasion pas moins de 8 pièces à son tableau de chasse, dont trois chasseurs ennemis abattus ensemble le 15 mai 1918 – un exploit qui lui donne une telle émotion qu’il déclare avoir dû se poser dans un champ pour calmer ses nerfs avant de revenir se poser sur son terrain. Son nom figure dans le communiqué aux armées du 28 juin 1918, signalant sa 10e victoire.

Le 5 juillet 1918 il reçoit l’ordre de prendre le commandement d’une autre escadrille de chasse, la SPA 48, ce qu’il fait sans gaité de cœur car il quitte ses camarades de combat dont Maurice Boyau. De plus la tâche qui l’attend est loin d’être simple, car il n’a que 21 ans et les pilotes qui l’attendent sont pour beaucoup des as, très soudés entre eux, et qui sont parvenus en se liguant à faire renvoyer leur précédent chef d’unité. Gilbert Sardier, promu au grade de lieutenant, va immédiatement leur faire la démonstration de ses talents de pilote en revendiquant une victoire aérienne peu après son arrivée, le 21 juillet, qui, bien que non homologuée, lui permet de remporter l’adhésion de ses hommes. Terminant la guerre avec la SPA 48, son tableau de chasse final se clôt avec 14 victoires homologuées.

La guerre terminée et considéré comme un officier d’active, Sardier reste à la tête de la SPA 48 en 1919 alors que celle-ci stationne en Allemagne occupée, puis revient en France à Thionville en janvier 1920. C’est aussi l’époque où il démissionne de l’armée, pour revenir s’installer à Clermont-Ferrand où il reprend ses études de droit et devient agent d’assurances, se mariant et fondant une famille. Mais sa passion du vol reste intacte et, en plus de s’entraîner régulièrement dans la réserve, il fonde avec l’as Louis Chartoire l’aéro-club d’Auvergne qui va utiliser la piste bétonnée d’Aulnat des usines Michelin comme terrain d’activité. Gilbert Sardier contribue à organiser de nombreuses manifestations aériennes dans la région et lui-même effectue des vols en planeur sur le Puy-de-Dôme.

Quand éclate la seconde guerre mondiale, il est de nouveau mobilisé avec son grade de lieutenant-colonel de réserve et, après une affectation au ministère de l’Air, se voit confier le commandement de la base d’Aulnat au mois de mars 1940. L’armistice le renvoie dans ses foyers au mois d’août 1940 mais l’installation du gouvernement du maréchal Pétain à Vichy, non loin de Clermont-Ferrand, fait entrer Sardier en politique. Il prend en effet la présidence de la Légion des combattants d’Auvergne, une organisation d’anciens combattants soutenant l’action du nouveau régime qui va le décorer de la Francisque. Sardier semble plus attaché à la personne du maréchal qu’à la politique de son gouvernement, et à partir de 1943 devant la satellisation accrue du régime à l’Allemagne, s’en détache peu à peu alors qu’entre en scène la Milice dans la vie locale. Sardier est dans une position intenable : il est soupçonné de sympathies pour la résistance par cette dernière, et accusé de collaborationnisme par certains résistants…

Une affaire survenue le 28 janvier 1944 va causer sa perte. Il reçoit à son bureau de la Légion des combattants une lettre de dénonciation anonyme, destinée à la milice, qui fait état d’une cache d’armes de la résistance au bureau de poste de St Eloy. La milice y fera effectivement une descente dans la journée même pour y saisir les armes et arrêter deux postiers. Cette affaire lui vaudra d’être arrêté à la libération : il est accusé d’avoir transmis la lettre à la milice, ce qu’il nie, alors que sa secrétaire a fait une copie de la lettre et l’a transmise à la résistance. Il sera condamné le 8 février 1945 d’atteinte à la défense nationale par la cour de justice de Clermont Ferrand à 3 ans de prison et à la dégradation nationale, malgré les témoignages de soutien venus de la résistance durant le procès. Il n’effectuera pas sa peine dans sa totalité, étant amnistié en novembre 1946, puis réintégré dans toutes ses décorations et grade de l’armée de l’Air en 1953. Retrouvant la présidence de l’aéro-club d’Auvergne, il consacrera le reste de sa vie à sa passion du vol. Il est décédé le 7 octobre 1976 à Clermont-Ferrand.


1

7 novembre 1916

SPA 77

Avion

Vieville-en-Haye

Le 7 novembre 1916 a, par son sang-froid, son énergie, l'habileté et la précision de sa manoeuvre, permis à un observateur d'abattre un avion allemand. Quoiqu’ayant son avion criblé de balles, a continué la reconnaissance prescrite.

2

3 juin 1917

SPA 77

Ballon

Geline

Pilote de chasse d'une adresse et d'une bravoure admirables. Le 11 avril a attaqué à moins de 400 mètres du sol un Drachen et contraint l'observateur à sauter en parachute. Le 3 juin 1917 a attaqué 2 drachens dont l'un est tombé en flammes.

Pilote à l'escadrille N 77 : pilote audacieux qui s'est distingué au cours de nombreux combats. Le 19 août 1917, apercevant un groupe de trois avions ennemis, à une altitude qu'il ne pouvait atteindre, a attendu plus au-dessous d'eux qu'ils engagent le combat. Les 23 et 24 août a effectué trois opérations de bombardement importantes à une faible altitude sous un feu violent de l'ennemi. Un avion et un drachen abattus. Deux fois cité à l'ordre. Croix de guerre avec palme.

Pilote extrêmement audacieux et adroit. Le 20 octobre a brillamment attaqué un zeppelin dans des conditions très périlleuses. Après avoir soutenu un long combat, a réussi un atterrissage particulièrement difficile en plein brouillard.

3

4 janvier 1918

SPA 77

Avion

Arracourt

4

20 février 1918

SPA 77

Ballon

 

Pilote de chasse remarquable. En janvier a abattu un avion ennemi. Au cours d'un récent combat a attaqué à la mitrailleuse un drachen ennemi, l'a incendié (3e et 4e appareils abattus par ce pilote).

5

15 mai 1918

SPA 77

Albatros

Montdidier

6

15 mai 1918

SPA 77

Albatros

Montdidier

7

15 mai 1918

SPA 77

Albatros

Montdidier

8

16 mai 1918

SPA 77

Ballon

 

Jeune officier d'une audace et d'une bravoure incomparables. Chef de patrouille remarquable. Le 1er avril a attaqué successivement 3 drachens ennemis, dont les trois observateurs ont sauté en parachute. Le 3 mai a attaqué un drachen dont il a forcé l'observateur à sauter en parachute et a soutenu au retour un rude combat contre une forte patrouille ennemie. (Ordre du CA)

9

29 mai 1918

SPA 77

Albatros D.V

Ville-en-Tardenois

Officier remarquable de bravoure et d'entrain. A abattu son neuvième avion allemand. Médaille militaire pour faits de guerre. Quatre citations.

Chevalier Légion d’honneur. Sardier (Gilbert-Jean-Marie), sous-lieutenant (active) au 5e rég. de chasseurs d'Afrique, pilote aviateur : officier remarquable d'entrain et de bravoure. A participé depuis 1916 à toutes les opérations de son escadrille et a prouvé partout son incomparable maîtrise dans la chasse, la reconnaissance, la photographie, le bombardement à faible altitude. A abattu en quelques semaines de combat, trois avions ennemis. Le surlendemain a réussi malgré la présence d'une forte patrouille ennemie à incendier un drachen. Quelques jours après a remporté sa neuvième victoire. Médaillé militaire pour faits de guerre. Sept citations.

10

4 juin 1918

SPA 77

Ballon

 

11

4 juin 1918

SPA 77

Ballon

 

Pilote de chasse remarquable, officier admirable d'entrain et de bravoure. A attaqué trois drachens ennemis, en a abattu deux en flammes et a forcé le troisième à être ramené au sol rapidement. Quatre citations (10e et 11e victoires). Médaillé militaire et chevalier de la Légion d'honneur pour faits de guerre.

12

30 juin 1918

SPA 77

Fokker D.VII

Chirmont-Epagny

Officier plein de courage, de ténacité, de persévérance dans l'effort. Ne cesse de donner l'exemple d'un entrain magnifique. Volontaire pour toutes les missions périlleuses, a été au cours des dernières offensives, par son patriotisme ardent et sa foi dans le devoir, un modèle d'abnégation et de magnifique bravoure. Le 30 juin, après un furieux combat a abattu dans nos lignes son 12e appareil ennemi.

13

12 août 1918

SPA 77

Fokker D.VII

Catigny

14

9 octobre 1918

SPA 48

Biplace-

 

Pilote de chasse de grande valeur, chef d'escadrille remarquable exerçant sur ses pilotes, une autorité incontestée et les entrainant superbement au combat. A abattu le 13 août et le 9 octobre 1918 ses treizième et quatorzième avions ennemis. Médaillé militaire et chevalier de la Légion d'honneur pour faits de guerre. Neuf citations.

SPAD XIII de Gilbert Sardier, numéro de série inconnu. Escadrille 77



   Hay de Slade HenriSpa 77

sardier

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La Guerre aérienne illustrée

ESC 77 SPAD VII Sardier

Spad VII du capitaine Sardier (Coll. P. Gaubert)