L'escadrille 3 à Verdun |
L'escadrille 3 à Verdun Le Trommelfeuer déclenché sur Verdun par les Allemands à l’aube du 21 février trouve l’aviation française en état d’infériorité : quatre escadrilles seulement servent la Région Forte de Verdun (RVF) : trois escadrilles de corps d’armée et une escadrille de chasse, la N 67, seule représentante de l’aviation de chasse.
Attachée à la RVF depuis octobre 1915 elle stationne à Verdun même. Le 22 février 1916 le Capitaine de Saint Sauveur en prend le commandement et Jean Navarre y signe le premier doublé de l’histoire de l’aviation. Malgré cette victoire l’aviation française de corps d’armée ne peut travailler, exposée aux coups de boutoir de la chasse allemande qui aligne quatre fois plus d’aéronefs. Des renforts sont donc nécessaires, et c’est le fameux « De Rose, je suis aveugle, balayez-moi le ciel » du général Pétain. Il est alors décidé de prélever des équipages sur les escadrilles de chasse des autres armées puis de mobiliser des escadrilles entières. Et de mettre en œuvre une nouvelle tactique : l’occupation du ciel par vagues successives. De l’escadrille 3 sont rapidement prélevés plusieurs pilotes : L’adjudant Bucquet qui a été désigné le premier pour renforcer la N 67 ne peut rejoindre Verdun le 23 février à cause du temps exécrable qui l’oblige à atterrir à La Cheppe. Le lieutenant Perretti et l’adjudant Houssemand sont également désignés pour rejoindre l’aviation de la RFV et décollent de Breuil-le Sec pour Ancemont d’où ils rejoignent Boncourt le 28 février.
Le 9 mars présente un tournant dans ces affectations car le capitaine Brocard rejoint ce premier détachement avec Chaînat, Deullin et Guynemer. Prenant la mesure du besoin, le commandement fait affecter à Verdun les ténors de l’escadrille. Avant cette affectation, le capitaine Brocard, chef d’escadrille, a signé la première victoire de l’escadrille et en totalise deux. Le sergent Guynemer arrive avec un score de 7 victoires. Chaînat et Deullin n’ont pas encore abattu d’adversaire, mais leurs qualités de chasse sont reconnues. Le Sergent Chaînat sur le Nieuport n° 266 décolle de Breuil-le-Sec à 10 h à destination de Bar-le-Duc et doit faire escale à la Cheppe. Le capitaine Brocard sur le Nieuport n° 546 le suit ainsi que le lieutenant Deullin. sur le Nieuport n° 525. Le sous-lieutenant Guynemer quant à lui décolle à bord du Nieuport n° 836. Dès leur arrivée les pilotes de l’escadrille 3 sont lancés dans la bataille : le 11 mars, le sous-lieutenant Peretti abat un Fokker vers Douaumont et le sergent Chaînat un vers Verdun. Une citation du 7 mai suit la victoire de Peretti Peretti (Jean),sous-lieutenant, pilote à l'escadrille N.67: déjà cité à plusieurs reprises, décoré de la Légion d'honneur et de la médaille militaire, continue à faire preuve en toutes circonstances des plus grandes qualités d'audace et d'entrain. Le 11 mars 1916, au cours d'un combat au-dessus des lignes allemandes, a abattu un avion qui est tombé en flammes. Le 13 mars un combat arrête Guynemer dans son élan lors de sa seconde mission. Ce sera la seule participation de Guynemer à la bataille de Verdun. Il le raconte ainsi: « Le lendemain -c'était un 13- mais un aviateur ne peut guère s'attarder à ces superstitions - je partis avec la ferme volonté d'en descendre au moins deux, puisqu'il y en avait autant dans le ciel de Verdun. … "A l'autre...Celui-ci est sans doute un as… Je veux me placer sous son fuselage pour le canarder. Malheureusement j'apprécie mal ma vitesse, supérieure à la sienne et je le dépasse. Vite il profite de la situation, et m'envoie une rafale, me fusillant à loisir. Mon capot, criblé vole en éclat. Un ricochet me frappe au visage, m'entaille la joue et le nez et deux balles me traversent le bras gauche. En un mot, un parfait arrosage! Je saigne abondamment et souffre beaucoup. Il s'agit de ne pas tomber dans les pommes. J'examine en hâte la situation. Je me laisse choir en plongeant de 300 mètres pour faire croire que je suis descendu. Tandis qu'un autre vient en aide de mon rival pour tenter de me finir, je me redresse et en ne pilotant que d'une main, je parviens à regagner nos lignes et me pose à Brocourt. J'ai encore un éclat à la mâchoire: les médecins m'ont dit qu'il valait mieux le laisser. C'est un souvenir ...pourvu que ce soit un fétiche et qu'il permette de me venger. » La citation du 28 mars qui suit cette victoire y englobe le combat du 6 : "Le 6 mars 1916, a livré à un avion allemand un combat au cours duquel son avion, ses vêtements et ceux de son observateur ont été criblés de balles. Le 12 mars 1916, a attaqué un avion allemand biplace, et l'a abattu en flammes dans les lignes françaises. 21 combats aériens depuis huit mois, huit avions allemands abattus, dont sept à l'intérieur ou à proximité des lignes françaises."
Lors d’une mission au-dessus de Douaumont le capitaine Brocard est blessé d'une balle dans la mâchoire qui le met hors-jeu. Deux citations sont promulguées le 5 juin 1916 dont la suivante concernant ce combat : Brocard (Félix-Antonin-Gabriel), capitaine commandant l'escadrille N. 3: pilote d'une adresse et d'un courage hors de pair. Le 19 mars 1916, s'est porté résolument à l'attaque d'un groupe de trois avions de chasse ennemis. Bien qu'atteint d'une balle qui lui a fracturé la mâchoire, a poursuivi énergiquement le combat, forçant l'un des avions ennemis, certainement touché, à piquer fortement dans ses lignes. Deullin prend alors le commandement du détachement qui dès lors tient un Journal de marche indépendant de celui de l’escadrille 3 restée à Breuil-le-Sec et qui y continue ses missions. Détaché à son tour, l'adjudant Védrines rejoint l'escadrille à Vadelaincourt, venant de Bar-le-Duc sur son monoplace Nieuport type N. Le mauvais temps interrompt plusieurs jours les opérations. 25 mars. Alors que le sous-lieutenant Peretti part avec son mécanicien à la RGA à Dugny prendre livraison d'un Nieuport 16 monoplace 110 HP Rhône, une ronde est menée par tout le détachement, sous-lieutenant Deullin, adjudants Védrines, Bucquet, Houssemand, sergent Chaînat, qui décolle de 15 h à 16 h 45. Les pilotes Védrines, Bucquet, et Houssemand attaquent à 15 h 35 deux avions ennemis qui semblent passer les lignes au-dessus de Vaux. Ils tirent chacun quelques cartouches. Les Allemands font demi-tour et sont arrêtés par le lieutenant Deullin qui se trouvait plus bas au nord. Il les attaque successivement à environ 100m et leur tire un rouleau complet et n'ayant plus de cartouches les lâche au nord de Damvillers. Dans le combat un longeron et le tube de commande d'aileron du plan supérieur droit de son avion sont traversés par une balle. L'adjudant Bucquet à 16 h 30 ne parvient pas à rejoindre un avion allemand qui pique dans les nuages. Le sergent Chaînat n’a rien de particulier à signaler. Le lendemain les adjudants Védrines et Bucquet avec le sergent Chaînat partent pour une ronde de chasse de 7 h 45 à 9 h. Ils voient à 8 h 30 deux LVG (LuftVerkehrsGesellschaft) venant de leurs lignes et se séparent. L'adjudant Védrines passe à l'est de Douaumont, l'adjudant Bucquet sur la Marne et le sergent Chaînat entre dans les lignes allemandes pour les prendre à revers. Il en surprend un occupé par la manoeuvre des deux autres pilotes au moment où il allait virer pour rentrer chez lui, et le tire par 3/4 avant. Puis il vire et se place derrière et au-dessus. Il constate alors que le passager est atteint, la tête reposant sur les bords du fuselage, la mitrailleuse verticale et abandonnée. A 20m de distance le sergent Chaînat tire le reste de son rouleau. Le LVG descend aussitôt en spirales serrées entrainé par un fort vent sud-ouest et a été perdu de vue dans la descente. Les 2 autres pilotes de l’escadrille 3 ont assisté au combat et ont également perdu l'Allemand de vue. Le combat s'est livré à 2800m au nord de Douaumont et près des lignes. Un rapport des observateurs d'artillerie de la région signale que l'avion allemand est tombé au nord de Douaumont. Cette victoire sur le LVG sera attribuée à Chaînat. A la suite de ce combat victorieux, une proposition est faire pour lui attribuer la médaille militaire et une citation lui sera décernée : « Chaînat André, sergent pilote à l'escadrille n° 3 d'une armée : pilote plein d'adresse et de bravoure. Le 26 mars 1916 a attaqué et abattu un avion qui est tombé en flammes devant nos lignes. » 27 mars : Dans le mauvais temps, une ronde menée par le sous-lieutenant Deullin et l'adjudant Houssemand de15 h 40 à 17 h 15 se conclut sans particularité. Témoin de l’activité du personnel à terre, un tracteur Renault conduit par le soldat Lambelin se rendant à Bar-le-Duc pour les besoins de l'ordinaire entre en collision avec un camion et est sérieusement détérioré (conduit au Parc N° 5 pour réparation).
Le sous-lieutenant Peretti est cité à l'ordre du jour de la 2e armée. Il est à Dugny et rentre le lendemain sur monoplace 110HP en faisant escale à Bar-le-Duc. Ronde de 17h 30 à 18h 15 par les adjudants Védrines, Houssemand et Bucquet. La patrouille du 29 mars par les adjudants Bucquet et Houssemand et le sergent Chaînat. se conclut sans combat ou observation particulière. Celle du lendemain, effectuée par tous les pilotes disponibles : sous-lieutenant Deullin, adjudants Védrines, Houssemand, Bucquet, sergent Chaînat est assez calme. Seuls le sous-lieutenant Deullin et le sergent Chaînat livrent chacun 3 combats qui n’aboutissent pas. Le 30 mars, le beau temps permet des rondes fréquentes par tous les pilotes qui occupent ainsi le ciel même si aucun combat n’a lieu. Le lendemain est occupé par des vols en solitaire sauf pour l’adjudant Bucquet empêché par une panne moteur. Le sous-lieutenant Deullin parcourt le secteur de Chalamont à la Meuse de 9 h à 10 h 45. A 10 h 45 il rejoint un Fokker par derrière sans être vu et tire 20 balles à 25 mètres. Le Fokker pique aussitôt verticalement. Le sous-lieutenant Deullin lui tire le reste de son rouleau. Le Fokker a été vu piquant verticalement pendant 100 mètres environ et a dû tomber entre Consenvoye et Beaumont. Cette victoire est homologuée et est suivie d’une citation : « Au cours du mois de mars 1916 a livré plusieurs combats aériens dont quelques-uns particulièrement sévères. Le 19 mars, a eu son avion atteint et son casque traversé par plusieurs balles. A continué cependant la lutte et a forcé l'avion ennemi à atterrir. Le 31 mars a abattu un Fokker dans les lignes ennemies. Le 2 avril, a été blessé au cours d'un combat aérien. » Le 1er avril le sous-lieutenant Deullin fait une ronde de 6 h 45 à 9 h au cours de laquelle il attaque un Albatros, qui fait demi-tour, et un LVG de chasse. Sa mitrailleuse s'enraye pendant le 2e combat. Il fait une deuxième ronde de 16 h 30 à 17 h 45 au cours de laquelle il livre combat à deux Aviatik de chasse au-dessus de Montfaucon. Lors de sa ronde de 16 h 30 à 18 h le sergent Chaînat ne rencontre aucun adversaire et ne fait aucune observation significative. L'adjudant Houssemand essaye deux départs sur le Nieuport n° 872 dont le moteur fonctionne mal. L'escadrille reçoit le Nieuport n° 901 affecté à l’adjudant Bucquet. La journée du 2 avril commence par un premier vol du sergent Chaînat entre 6 h 30 et 8 h qui n’a rien de particulier. À 9 h L'adjudant Védrines et le sergent Chaînat décollent pour une patrouille au-dessus des lignes. L'adjudant Védrines attaque un avion ennemi dans ses lignes. L'avion allemand semble touché, se met en vrille et est perdu de vue. Ce premier combat se termine sans résultat, mais lors d’un deuxième il force l'avion à atterrir dans la région de Montfaucon. L'adjudant Houssemand fait une ronde de 13 h à 14 h. Son rapport laconique est : RAS. Védrines fait une deuxième ronde entre 16 h 40 et 17 h 10 au cours de laquelle il livre combat. L'avion ennemi semble encore touché. L’adjudant Védrines est obligé d'abandonner le combat pour réapprovisionner sa mitrailleuse. Le sous-lieutenant Deullin en patrouille de 13 h 45 à 17 h 30 livre trois combats. Le premier avec un LVG, les deux autres avec des Albatros. Au cours du troisième combat il est blessé au bras droit par une balle qui traverse sa combinaison et lui fait diverses petites plaies à l'avant-bras.
3 avril L'adjudant Védrines et le sergent Chaînat font une ronde de 6 h 30 à 8 h 15 sans incident. Une deuxième ronde est faite de 13 h 30 à 15 h par les adjudants Houssemand, Bucquet, Védrines et le sergent Chaînat, elle aussi sans incident. L'adjudant Bucquet revient avec un moteur fonctionnant mal à cause du mauvais montage du moteur. Une troisième ronde est faite de 17 h à 18 h au cours de laquelle l'adjudant Houssemand livre deux combats sans résultat. L'adjudant Védrines et le sergent Chaînat attaquent chacun un avion ennemi sans résultat. Le sous-lieutenant Deullin fait le voyage Bar le Duc et retour pour faire rapport de l’activité du détachement. 4 avril. Ronde exécutée de 5 h 15 à 7 h par le sous-lieutenant Perretti, les adjudants Houssemand, Védrines et Bucquet et le sergent Chaînat. Le sous-lieutenant Deullin et l'adjudant Houssemand partent à la RGA prendre livraison d'un monoplace 110 HP. Quatre jours de mauvais temps empêchent tout travail aérien, et les mécaniciens s’affairent à la révision des avions. ( 5, 6, 7, 8, avril ) 9 avril. L'adjudant Védrines rentre de Bar le Duc avec un Nieuport 110 Hp. Sans prendre le temps de vols d’adaptation à ce nouvel avion, Védrines se joint à la patrouille des adjudants Houssemand et Bucquet et du sous-lieutenant Peretti, ( 9 h à 11 h ) pendant laquelle Bucquet et Houssemand livrent deux combats sans résultat. Une deuxième ronde se forme entre 15 h et 17 h, par les mêmes pilotes auxquels se joint le sergent Chaînat. L'adjudant Bucquet rentre par suite du mauvais fonctionnement du moteur. Les autres pilotes livrent plusieurs combats. L'adjudant Houssemand attaque vers 15 h 50 un LVG qu'il tire à 20m. L'adjudant Védrines garde le contact de 2 avions ennemis pendant 1/2 heure au cours de laquelle il livre 3 combats. Au 2e combat il reçoit plusieurs balles dans son appareil. Le sergent Chaînat de son côté livre 2 combats. Malgré la brume du 10 avril une première ronde démarre à 9 h avec le sous-lieutenant Peretti, les adjudants Houssemand, Védrines, Bucquet, le sergent Chaînat. A 8 h 30 Bucquet et Chaînat livrent combat à 2 avions ennemis qui disparaissent dans leurs lignes. Védrines livre 3 combats. Au cours du troisième combat le passager de l'avion ennemi semble touché. Védrines ne peut continuer ne pouvant changer de rouleau de cartouches. Après avoir atterri entre 10 h et 10 h 30 les adjudants Védrines et Bucquet repartent et rentrent après 11 h sans incident. La ronde prescrite pour 16 h ne peut avoir lieu étant donné l'état excessivement brumeux de l’atmosphère. De 6 à 8 heures le 11, le sous-lieutenant Peretti, les adjudants Houssemand, Védrines, Bucquet, le sergent Chaînat mènent une reconnaissance offensive sur la rive droite de la Meuse. Elle n’est pas complètement stérile puisqu’un renseignements jugé importants est rapporté par le sergent Chaînat : cinq trains stationnent en gare de Brieulles et Velosnes sur Meuse. Le mauvais temps du 12 avril empêche le travail aérien mais permet le déroulement de deux événements : Le sergent Chaînat est décoré de la médaille militaire, le capitaine Brocard vient en visite à Vadelaincourt. Le lendemain arrivent le sergent de Guibert et le sergent Bloch qui avaient été demandés trois jours auparavant pour renforcer l’escadrille après le départ du lieutenant Moineville, et du sous-lieutenant Graff passés à l’escadrille C 43. Finalement ils ne restent pas sur le front de Verdun, le sergent Bloch repartant avec le Nieuport n° 525 Le mauvais temps du 13 persiste pendant deux jours du 14 au 15 pour s’interrompre le 16. Pendant la ronde exécutée par l'adjudant Bucquet et le sergent Chaînat, l'adjudant Bucquet livre un combat au cours duquel sa mitrailleuse s'enraye.
Le 21 avril, bien que le temps soit brumeux, les adjudants Bucquet et Houssemand, le sergent Chaînat font une croisière de reconnaissance durant une heure trente en recherchant des adversaires à combattre. Ils rentrent sans en avoir rencontré. Ils repartent le lendemain pour la même mission mais à une heure différente, entre 17 et 18 heures. Durant ce vol le sergent Chaînat livre combat à un LVG de réglage sans résultat. L'escadrille exécute le 24 avril une reconnaissance offensive à partir de 9 h qui rassemble les sous-lieutenants Peretti et Deullin, les adjudants Bucquet et Houssemand et le sergent Chaînat. Au cours de ce vol le sous-lieutenant Deullin attaque deux Aviatik et un LVG au nord de Douaumont. L'adjudant Houssemand poursuit deux avions ennemis qui refusent le combat. L'adjudant Bucquet et le sergent Chaînat attaquent chacun un avion ennemi mais ont leur mitrailleuse enrayée et rentrent au terrain à 10h. Après un dépannage rapide et le plein d’essence, ils en repartent à 10 h 30 et rentrent à midi, Dans un deuxième vol l'adjudant Bucquet vient en aide à un Caudron bimoteur pour mettre un Fokker en fuite. Dans une forte brume, une deuxième reconnaissance est exécuté à partir de 15 h 30 par tous les pilotes. Le sergent Chaînat tire un rouleau de cartouches sur un avion ennemi dans la région de Montfaucon. L'avion ennemi pique et refuse le combat. Le 25 avril, avec le retour du beau temps, l'escadrille exécute une reconnaissance avec offensive de 9 h à 11 h. Sept combats sont livrés contre des avions ennemis de réglage ou de protection. L'adjudant Bucquet livre 3 combats, le sous-lieutenant Deullin 1 combat. Le soir une deuxième reconnaissance entre 15 h 30 et 17 h 30 est lancée. Le sous-lieutenant Deullin attaque sur le Bois des Forges un LVG de chasse qui rentre dans ses lignes. Tous les combats sont livrés sur la ligne Bras - Aix. 26 avril. L'escadrille exécute deux patrouilles offensives sur l’itinéraire Malancourt, Bois des Forges, Brabant sur Meuse, Bois des Cors, Ornes, Aix. La première reconnaissance est effectuée entre 5 h 30 et 7 h 15. À signaler un combat de l'adjudant Bucquet contre un LVG de chasse. La deuxième reconnaissance part à 14 h et rentre à 16 h. Le sous-lieutenant de Peretti et le sergent Chaînat attaquent successivement un LVG qui refuse le combat dans la région de Bezonvaux. Le sous-lieutenant Deullin attaque un LVG et un Fokker. Dans le premier combat l'appareil du sous-lieutenant Deullin est touché par 2 balles qui traversent le plan supérieur droit et un longeron du fuselage. Dans le deuxième combat livré à 3 h 40 entre Braban et Douaumont l'avion ennemi a piqué très fort, apparemment atteint. L’issue du combat n’a pu être confirmée. 27 avril : Deux reconnaissances offensives effectuées sur l'itinéraire Aix, Consenvoye, Malancourt. La première a lieu de 4 h à 6 h. A 5 h 15 le sous-lieutenant Deullin attaque deux avions ennemis du type Aviatik qui s'étaient engagés sur les lignes avec une mission de reconnaissance à l'altitude de 3600m dans la région de Bethancourt. Le premier combat se termine par une chute d'environ 500m de l'avion ennemi au cours de laquelle un « gros paquet noir » (probablement l'observateur) est éjecté de l'appareil. Le deuxième avion est poursuivi dans les lignes après échange de coups de mitrailleuse sans résultat. La deuxième reconnaissance part à 13 h et rentre à 14 h 30 après avoir repoussé en arrière de la ligne Consenvoye - Azannes - Bezonvaux deux groupes de 3 avions ennemis chacun. 28 avril : Reconnaissance offensive de toute l'escadrille sur le secteur de 8 h 30 à 10 h. Le sous-lieutenant Deullin attaque un Fokker qui pique brusquement dans ses lignes. L'après-midi ronde de chasse par le sous-lieutenant Peretti et le sergent Chaînat. Le sous-lieutenant Peretti attaque un Fokker par derrière. La mitrailleuse s'enraye. Il abandonne le combat et pique vers nos lignes. Le Fokker le poursuit et le blesse d'une balle dans les reins. Le Nieuport tombe entre la Meuse et le canal à 200m au nord de Thierville. Le sous-lieutenant Peretti est relevé mort et transporté à l'ambulance de Thierville où il est mis en bière. Dans une lettre du 29 avril 1916 au capitaine Brocard, Deullin raconte : « Mon capitaine, hier, vers 17 h 45, quelques heures après avoir reçu la navrante nouvelle de la mort de Jaulin et de Lacourure, le pauvre Peretti est la victime d'une grosse imprudence et d'une malchance fantastique. En ronde avec Chainat au nord de Douaumont, il attaque par derrière et en-dessus un Fokker qui se dirige sur nos lignes. Il tire une dizaine de cartouches, puis enrayage par défaut de percussion. Son support de mitrailleuse, système Quillien très surélevé de l'arrière, ne lui permet pas de réarmer sans abattre. Il a préféré s'en aller. Chaînat arrivant à la rescousse le voit employer sa vieille tactique de la glissade à gauche, passer sous le Fokker et piquer vers Verdun. » « Le Fokker le voit, le poursuit et, à plus de 200 m, lui tire une bande dans le dos. Puis il fait demi-tour devant Chainat. Peretti a reçu une balle dans les reins qui lui fracture le bassin. Il a la force de revenir près de Verdun et sans doute essaye d'atterrir dans les prairies de la Meuse. Sans doute à bout de forces, il tente un virage à droite, mais se laisse embarquer sur le nez, et tombe, après avoir traversé les branches d'une ligne de peupliers, entre la Meuse et le canal, à 200 m au nord du pont de Thierville. « L'appareil est une bouillie sans nom. Peretti, projeté en avant, s'est fracturé le crâne et brisé le pied, mais il n'est nullement défiguré et conserve un sourire extraordinaire. » Alors que le corps du sous-lieutenant Peretti est ramené à Vadelaincourt et déposé à la chapelle de l'hôpital il est proposé pour une citation qui paraît le 22 juin au Journal officiel : Perreti (Jean), sous-lieutenant à l'escadrille n° 3 : chef d'escadrille incomparable de brio et d'allant, militaire dans l'âme et possédant au plus haut degré l'esprit du devoir, il conduisait joyeusement chaque jour-au combat son escadrille dont il avait su obtenir un rendement remarquable. Dans l'après-midi de 16 h à 17h 15 mission de chasse parcourt le secteur Avocourt - Aix par le sous-lieutenant Deullin et le sergent Chaînat. Celui-ci rentre au bout d'un quart d'heure son moteur faiblissant. Le sous-lieutenant Deullin attaque sur Consenvoye un LVG qui pique vers Montfaucon puis un bimoteur qui vire et remonte vers le nord. Deux autres avions ont été poursuivis sans pouvoir être rejoints.
Elles n’empêchent pas le travail aérien. Une reconnaissance offensive rive droite de 10 h à 11 h 30 est menée par le sous-lieutenant Deullin et les adjudants Bucquet et Houssemand. L'adjudant Bucquet combat un Fokker sans résultat. Le sous-lieutenant surprend un Fokker et lui tire 24 balles à environ 15m. Le Fokker pique en fumant puis tombe en vrille et s'abat à la lisière sud-ouest des bois situés au nord de Douaumont. La chute a été observée par l'adjudant Houssemand. Le capot et le pare-brise de l’adjudant Bucquet sont éclaboussés du sang du pilote allemand témoignant de la violence du combat mené de très près. Dans l'après-midi une ronde sur la rive gauche est engagée par les mêmes de 13 h 25 à 16 h. A travers les nuages un seul avion ennemi a été aperçu volant à faible altitude dans ses lignes entre Montfaucon et le Bois des Forges. Le sous-lieutenant pilote Subervie affecté à l'escadrille arrive à Vadelaincourt.
Il établit alors son Quartier Général à Bar-le-Duc, montrant ainsi que sur le front où il dirige désormais les opérations, c’est Verdun qui reste pour lui le point capital alors que les préparatifs de la bataille de la Somme sont envisagés. Avant de prendre ce nouveau commandement, il adresse aux troupes de la 2e Armée un ordre du jour où il écrit : « Une des plus grandes batailles que l'Histoire ait enregistrées se livre depuis plus de deux mois autour de Verdun. Grâce à tous, chefs et soldats, grâce au dévouement et à l'abnégation des hommes des divers services, un coup formidable a été porté à la puissance militaire allemande. » C’est reconnaître que l’évolution désastreuse de la situation de l’armée de Verdun a été stoppée et qu’une nouvelle phase peut être envisagée. Le mois de mai commence par quatre jours de temps acceptable mais avec des orages sauf le 1er et le 3 l’après-midi où les vols sont empêchés. Reconnaissance offensive rive droite de 5 h à 7 h, par le sous-lieutenant Deullin, les adjudants Bucquet et Houssemand. L'adjudant Bucquet attaque un avion ennemi entre Vaux et Douaumont. Le sous-lieutenant Deullin rentre au bout d'une demi-heure son moteur vibrant d'une façon exagérée. 2 mai : de 4 h à 5 h, une ronde rive droite par les sous-lieutenants Deullin et Subervie et les adjudants Bucquet et Houssemand rencontre une mer de nuages. De 13 h à 14 h 15 la patrouille rives droite et gauche par le sous-lieutenant Deullin et les adjudant Houssemand et Bucquet affronte nuages et pluie. Le sous-lieutenant Foucault, pilote, est affecté à l'escadrille. Le 3 mai, de 11 h à 13 h, la ronde rive droite par les sous-lieutenants Deullin et Subervie et les adjudants Houssemand et Bucquet se fait dans un ciel très nuageux. L'après-midi la pluie a suspendu les vols. La journée du 4 mai est assez active bien que le mauvais temps de l’après-midi perturbe les vols. 6 h 30 à 8 h 45. Accompagnement d'un avion de photographie dans la région de Hattonchâtel puis ronde Vacherauville - Aix. Le sous-lieutenant Deullin combat un Fokker au nord d'Arnes (étaient présents sous-lieutenants Deullin et Subervie, les adjudants Houssemand et Bucquet. De 16h à 16h 30 ronde rives droite et gauche par le sous-lieutenant Subervie et les adjudants Houssemand et Bucquet et le sergent Chaînat. L'adjudant Houssemand attaque un LVG à l'ouest du Bois des Forges l'approche à 30m sans être vu, mais son bowden casse au moment du tir. Ronde rive droite 5h à 7h par le sous-lieutenant Subervie et les adjudants Bucquet et Houssemand ainsi que le sergent Chaînat. Le sous-lieutenant Subervie combat un LVG au nord 'Ornes. L'ennemi pique dans ses lignes et n’est pas poursuivi. Le soldat pilote Mathis est affecté et arrive à l'escadrille. Tout travail est suspendu le 6 à cause du mauvais temps. La ronde rives droite et gauche du lendemain est assurée de 4 h à 6 h par les adjudants Houssemand et Bucquet et le sergent Chaînat. Celui-ci attaque à 5 h 45 entre Douaumont et le bois de Spincourt un LVG de réglage qui cabre et glisse sur l'aile. L'arrivée de 4 avions ennemis a empêché de suivre sa chute. L'après-midi le mauvais temps arrête les missions comme les 3 jours suivants Une patrouille de chasse de 12 à 14 h par toute l'escadrille, se développe sur le secteur Cumières - Douaumont – Aix malgré le temps nuageux du 11 mai. RAS. Le mauvais temps nuageux persiste le lendemain. Une ronde sur le secteur de Douaumont par toute l'escadrille, de 17 h 30 à 19 h ne peut rien entreprendre étant donné le caractère très nuageux de l’atmosphère. L'adjudant Bucquet part à la RGA le 13 pour prendre livraison d'un monoplace 110 HP. De 7h 30 à 9h 30 une patrouille se développe sur le secteur rive droite par les sous-lieutenants Deullin et Subervie, l'adjudant Houssemand et le capitaine Pendaries. Le sous-lieutenant Deullin livre combat à 4 reprises de 8h 15 à 9h 15 à une escadrille de 5 avions ennemis (LVG et Aviatik) évoluant dans la région de Beaumont, bois de Spincourt, Vaux, Douaumont. Dans le combat son appareil reçoit 6 balles, une dans l'appui-tête, une dans l'hélice, une dans le câble de cellule, trois dans le plan supérieur droit dont une brise aux deux tier le longeron principal. La pluie a empêché le travail du soir.
Les 16 et 17 mai les retours à Cachy s’organisent : Départ de l'adjudant Houssemand et du sergent Chaînat. Arrivée du sergent Bloch qui vient prendre le N 908 pour le ramener à Cachy. Endeuillant l’escadrille, le sous-lieutenant Foucault, se tue dans un accident d’atterrissage à Cachy à 8 h 30. Départ des voitures et tracteurs, envol du sous-lieutenant Deullin et du sergent Bloch. Les sous-lieutenants Subervie et Mathis et le capitaine Pendaris passent à l’escadrille N 69 avec les appareils 871 et 997. Le détachement prend fin. L’action de l’escadrille 3 lors de la bataille de Verdun sera évoquée dans une citation alliant les activités de Verdun et celles de la bataille de la Somme. « A fait preuve d'un allant et d'un esprit de dévouement hors de pair, dans les opérations de Verdun et de la Somme, livrant du 19 mars au 19 août 1916, 338 combats, abattant 38 avions, 3 drachen et obligeant 36 autres avions, fortement atteints, à atterrir. » C’est en effet pour la préparation de la bataille de la Somme que la N 3 rejoint les escadrilles N 26 et N 62 pour former le Groupe de Cachy, préfiguration du Groupe de Combat 12.
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Portrait du lieutenant Bucquet. « Très amical souvenir au lieutenant de la Tour, un de ses admirateurs »
Profil du Nieuport XI avec lequel Guynemer rejoint la bataille de Verdun.
Recevant les premiers soins à Brocourt en Argonne, Georges fait bonne figure et les auxiliaires médicaux n’ont pas l’air très inquiet. Il sera ensuite évacué à l'ambulance japonaise de l'hôtel Astoria.
Profil du Morane type N de Védrines équipée de sa mitrailleuse tirant dans l’axe grâce à la protection de l’hélice par des coins d’acier.
L’escadrille 3 partage le terrain de Vadelaincourt avec plusieurs escadrilles dont l’escadrille N 23 avec ce Nieuport 11 nommé « BOBY »
Nieuport 16 n° 893 du sergent Peretti devant le hangar à Vadelaincourt.
Vadelaincourt. Védrines devant son Nieuport 16 110 ch Le Rhône.
Le sous-lieutenant Deullin pose devant son Nieuport XI n° 525.
Nieuport 871 du lieutenant Pendaris faisant le plein d’essence. Vadelaincourt, mai 1916.. Le plein se fait par bidons de 5 litres
. Tombe du Lieutenant Peretti au cimetière de Vadelaincourt.
« Au lieutenant de la Tour une des plus brillantes cigognes Reconnaissant souvenir et mes amitiés. » Citation de l’escadrille 3 dédicacé par le capitaine Brocard au lieutenant de la Tour et signée par Heurtaux, Guynemer, Deullin, Raymond, XXN Bucquet, Chaînat |