Groupe de bombardement  4

[Une mise en place laborieuse] - [Bombardement d'Absheim] - [Bataille d'Oberndorf] - [Seconde bataille de la Marne]

 

Outils du Bombardement

Constitution

Groupe de bombardement 1

Groupe de bombardement 2

Groupe de bombardement 3

Groupe de bombardement 4

Groupe de bombardement 5

Groupe de bombardement 6

Groupe de bombardement 7

Groupe de bombardement 8

Groupe de bombardement 9

Groupe de bombardement 10

Escadre de bombardement


 

D’Habsheim à Oberndorf, prémisses, apogée et déclin du bombardement de jour au GB 4.

D’Habsheim à Oberndorf, prémisses, apogée et déclin du bombardement de jour au GB 4.

Le 18 mars 1916, Happe met en ligne:

13 Farman 80 CV, 4 Farman 130 CV, 3 Bréguet-Michelin de chasse dont un armé d'un canon de 37mm, 3 Caudron G4.

Ils trouveront en face d'eux 10 avions allemands: un L.V.G., et 9 Fokker ou Aviatik.

Objectif : bombarder la gare de Mulhouse et le terrain d’aviation allemand d’Habsheim.

En voici le récit consigné dans le Journal des Marches et Opération du 4e Groupe de Bombardement.

Capitaine Happe, Pautrat.

Lieutenant Floch, Rode, MF 29 Pas rentré

Sous Lieutenant Loumiet, Sergent Vaysset, B-M Pas rentré

Sergent Happe, Dubar Ch, MF 29.

Caporal Rins, Dubar R. MF 29, Pas rentré

Sergent Auzanneau, Sergent Privette, MF 29.

Sous Lieutenant Lehmann, Caporal Bellanger.

Sous Lieutenant Mouraud, Caporal Maisin, MF 29, Blessé

Caporal Lumière, Caporal George.

Maréchal des logis Weisé, Caporal Rouf, MF 29.

Caporal de Gaillard, Vachet Caporal,

Sous Lieutenant Almonacid, Caporal Garula, MF 29.

Sergent Vial, Caporal Depreu, MF 29.

Maréchal des logis Collin, Maréchal des logis Gielat, MF 29.

Maréchal des logis Leroy, Capitaine Bacon, Pas rentré.

Maréchal des logis Zobel, Estevé mdl.

Sergent Cellard Goeury Mdl (soldat). Blessé.

Sous Lieutenant Marinkovitch, Lieutenant Perrault, B M.

Capitaine Gaubert, Aspirant Florentin.

Aspirant Robillot, Lieutenant Patriarche, B-M, Blessés.

Sergent Roland, Guerini.

Sergent Boudry, Desprez.

Sergent Legendre, Sergent Barlatier (Breguet).

Résultats vus:

Bombardement. 3 obus sur les hangars, 11 obus sur la gare de Mulhouse et une usine auprès. (1 incendie).

Les autres sur le champ d'aviation.

Combats: Le bombardement s'est effectué dans les conditions suivantes: Les avions ont marché parfaitement groupés à l’aller. Deux Fokkers nous attendaient à hauteur de Mulhouse. Les autres s'élevèrent d'Habsheim au même moment. Il y avait une dizaine d'avions au total (1 LVG, des Fokkers et des Aviatiks).

L'un des Fokkers attaque le 130HP piloté par le maréchal des logis Leroy (tireur capitaine Bacon) par derrière. Il me semble que le 130 HP se laissait surprendre. Cet avion était à 200m à ma droite et 100m plus haut. Une énorme flamme sortit vers l'arrière et l'avion s'abattit. Au-dessus d'Habsheim le 80HP piloté par le lieutenant Floch. attaqué par un Fokker lui fit face. Nous vîmes d'abord le Fokker tomber en tournoyant puis 3 ou 4 secondes après, le 80 HP faire de même. Il ne semble pas que les deux avions se soient rencontrés. Il semble que les pilotes ont du être tués ensemble. Les deux avions tombèrent, toutes leurs parties se détachant peu à peu. Le Fokker tomba sur le terrain même d'Habsheim, le MF tout près au S.O.

Pour les deux autres avions non rentrés, il n'y a pas de précision. Un pilote a vu un avion en flammes tomber sur la forêt de la Hardt.

Sous-lieutenant Marinkovitch pilote, tireur : lieutenant Perrault abat un LVG.

Lieutenant Floch (probablement) abat1 Fokker et tombe avec lui.

Adjudant Robillot 2 Fokkers forcés d'atterrir.

Incidents: Le sergent Cellars a le casque et le passe-montagne traversé par une balle.

Le maréchal des logis Weiss (tireur Roug) touché par un éclat d'obus, l'hélice calée à 2000m atterrit à 3 km des lignes à Rodern. L'avion sous le feu du canon est ramené par ses soins, démonté dans la nuit et ramené à Belfort où il pourra être remonté

Le sergent Vial (tireur Depreu) atterrit à Romagny un ressort de soupape cassé. Le moteur est réparé dans la soirée. Le 19, à 7 heures du matin il repart de Romagny, bombarde une usine de potasse du bois de Donnenbriech.(??) et revient escorté par deux Fokkers. L'ordre ayant été donné de ne jamais revenir avec ses obus, lui et son tireur trouvent tout naturel ce qu'ils ont fait.

Les marques de courage données par tous, blessés et non blessés sont au-dessus de tout ce que j'ai vu jusqu’à présent.

Le 4e Groupe de bombardement exprime toute sa satisfaction et sa reconnaissance pour la citation à l'ordre de l'armée qui lui est accordée.

Envoyé télégramme suivant:

Cdt GB4 à Chef SA GQG.

Bombardement Habsheim et gare Mulhouse.

20 appareils GB4, 2 C 61, 1 C 34. Non rentrés pilotes sergent Floch, sous-lieutenant Lourriet, caporal Ruis, maréchal des logis Leroy, tireurs Rode, sergent Vaysset, Dubar. R. capitaine Bacon. Blessés sergent Mouraud une balle dans jambe 2 dans fesses. Goeury, tireur, plaie sous le bras (pas grave) adjudant Robillot bras cassé (éclat d'obus, lieutenant Patriarche blessé légèrement.Résultat tir: 3 obus près des hangars, 11 sur gare Mulhouse et usine auprès (1 incendie) les autres sur champ aviation. Combat: sous-lieutenant Marinkovitch, tireur sergent Perrault, abat 1 LVG. Sergent Floch.(probablement) abat 1 Fokker et tombe avec lui. Adjudant Robillot (probablement) 2 Fokkers. Confirmation sera donnée cette nuit.

 

Dernière opération de grande envergure le 12 octobre 1916

L'objectif est la fabrique Mauser à Oberndorf.

L’affaire est bien montée.

Happe met en action un total de 80 avions:

la MF 29 (10 équipages), la MF 123 (10 équipages), une escadrille Breguet-Michelin, la BM 120 avec 8 appareils sous la protection de la N 124 (4 appareils pour protéger les Breguet-Michelin), un appareil de la N 75 et de 18 Sopwith.(12 français et 6 anglais. avions du R. N. A. S. (Royal Naval Air Service)).

Par ailleurs la C61 (depuis Fontaine) fera diversion à Lörrach.et des Nieuport viendront "surveiller" les terrains d'Absheim, Colmar et Fribourg.

Départ à partir de 13h 15

8 avions de la N 49 (depuis Fontaine) et 3 de la F 14 /depuis Corcieux) participent à l'expédition les premiers dans la région de Fribourg, les autres dans les régions de Colmar et Neuf-Brisach. Ils rencontrent de nombreux appareils ennemis qu'ils s'efforcent de chasser vers le Sud, et livrent 4 combats au cours desquels le lieutenant Le Mounier (Pierre N 49 pilote) est légèrement blessé. -6 avions de la C 61 exécutent une diversion dans la région Sud de Mulhouse et immobilisent 5 avions ennemis pendant toute l'opération.

« Les escadrilles de Farman viennent de partir, suivies de quelques chasseurs.

  • A terre, une escadrille française s'aligne encore, prête au départ. Jeune formation, cette escadrille de puissants Breguet semble en imposer; on fonde sur elle de multiples espoirs, car on devine en ces majestueux avions une force peu commune…

Chacun est à son poste, le pilote tout à ses manettes, le bombardier tout à sa mitrailleuse. Sous les ailes, deux cent quarante kilogs d'explosifs sont confiés à chaque équipage, qui devra les porter coûte que coûte, au point fixé.

Le lieutenant L., chef de l'escadrille, jeune héros de l'air à la poitrine enrubannée, part le premier, suivi des sept autres avions. Prenant de l'altitude en tournoyant au-dessus du camp, l'escadrille se forme bientôt en groupe de bataille et pointe vers le front. Au loin, le ciel cependant d'une rare pureté, s'obscurcit sous une nuée de flocons noirs: ce sont les escadrilles d'avant qui se font soigneusement crapouiller. Les Vosges défilent rapidement…

 

verite

Breguet-Michelin « VERITE » du Groupe de Bombardement 4 à Belfort

Tout marche à souhait, les 8 avions sont là, côte à côte, pointant sur Fribourg-en-Brisgau qui maintenant se distingue. Autour de nous, nos rapides Nieuport d'escorte virevoltent sans cesse, nous donnant confiance; mais bientôt leur tâche est terminée, car ils font demi-tour, leur peu d'essence les y obligeant. Nous voilà donc seuls, et atteignons Neuf-Brisach. Là une formation de Fokkers, beaucoup plus élevée que nous fonce dans le groupe; les mitrailleuses crachent de part et d'autre, c'est un tournoi infernal, où l'on voit les énormes Bréguet se défendre désespérément contre de rapides et souples monoplans. Un Fokker attaque le maréchal des logis B. qui bientôt se met à descendre, hélice calée; le mitrailleur L. a certainement été blessé, car nul ne l'aperçoit, dans la carlingue…
  • Un second Fokker attaque par surprise le caporal de Montais, mettant le feu à l'un des réservoirs d'essence, et obligeant l'avion à piquer, véritable torche: le mitrailleur Haas, debout dans la carlingue, lève désespérément les bras devant la catastrophe qui l'entraîne à la mort. Ce Fokker a été pris ensuite sous le feu du soldat L., mitrailleur du sergent Morraglia, qui réussit à le mettre en fuite. Un autre Fokker attaque l'escadrille, mais par une habile manoeuvre, le caporal T. réussit à le prendre de côté, ce qui permet à son mitrailleur, le caporal V. de L. de le descendre aux environs de Vieux-Brisach.
  • Enfin un autre avion ennemi mitraille le chef d'escadrille qui, par son habileté et son sang-froid, réussit à se dégager, et permet à son mitrailleur L. de prendre sous son feu l'avion ennemi. Celui-ci flotte un instant puis glisse sur l'aile.

Une accalmie permet maintenant aux avions de se regrouper; nul ne sait ce qu'est devenu le caporal B. qui, dès le début de la bataille, a disparu: on a su depuis qu'il avait été descendu et fait prisonnier avec son mitrailleur D.

  • Les 5 Bréguet valides continuent donc leur route, survolant presque la grande ville de Fribourg où l'on devine la panique, mais bientôt ils sont de nouveau attaqués par une escadrille de bi-fuselages ennemis.

Le sergent M., pilote de grande valeur, résiste aux attaques de plusieurs ennemis et réussit à les mettre en fuite, tandis que le sergent D. lui aussi pris à partie manoeuvre habilement et permet à son mitrailleur M. de riposter efficacement.

Le caporal T. est violemment attaqué par un autre bi-fuselage, dans la lutte

qu'il soutient il se trouve bientôt séparé de ses camarades et remonte vers Emmendingen, serré de près par son adversaire.

Les 4 avions viennent de s'engager sur l'immense Forêt Noire; les points de repère deviennent bien minimes, aussi l'escadrille est-elle un peu déviée de sa route. La poudrerie de Rottweil qui fume au loin, permet enfin de reprendre la bonne direction et, à 15h. 40, soit 2 heures après le départ, les 4 avions arrivent en vue des usines Mauser, sur le Neckar.

  • Une épaisse fumée se dégage de certains bâtiments écroulés, car plusieurs escadrilles ont déjà atteint le but, et une batterie anti-aérienne nous arrose copieusement; le vacarme est terrible, le bruit de nos puissants moteurs ne parvient pas à couvrir les explosions des multiples 105. Et cependant il faut passer en droite ligne, sans chercher à éviter les obus; l'efficacité de notre tir n'est en effet per- mise qu'à cette condition.
  • Au lancement de la fusée du chef d'escadrille, chaque avion vient à sa place désignée et, en colonne par un, le défilé commence.

Cent vingt bombes tombent, la plupart au but, et c'est une joie que de constater les éclatements, au milieu des bâtiments vitrés ou des cours encombrées, bientôt suivis d'importants incendies, tandis que nos avions, soulagés d'un poids énorme, grimpent de leur mieux sous l'effort des pilotes, et toujours encadrés par une avalanche de shrapnells. Une seconde fusée du lieutenant L. donne le signal du rassemblement qui s’opère comme aux manoeuvres d'entraînement, et, malgré les vides non prévus, chacun s'assure la place convenable.

Pointant plein ouest, la formation survole de nouveau la Forêt Noise; il est plus de 16 heures déjà, et le soleil, à l'horizon de France, décime de plus en plus. Aucun avion ennemi n'est en vue, et les moteurs donnent bien; rentrerons-nous tous quatre?


lufbery R

Raoul Lufbery.

Ou en tombera-t-il encore dans les 200 kilomètres du retour?..

Nous approchons enfin du Rhin qui scintille…

  • Le Rhin est franchi; Schlettstadt va être atteint; nous sommes tous quatre à 3.500 mètres, lorsque le maréchal des logis Mottay est attaqué par un biplan ennemi, le mitrailleur Marchand répond de son mieux, mais nos camarades, vaincus, sont obligés de descendre; ils allongent leur vol, tendant désespérément à regagner nos tranchées cependant encore lointaines mais l'écrasement fatal se produit, suivi de l'incendie.
  • A ce moment l'escadrille de protection vient à notre rencontre et livre plusieurs combats victorieux; ils sont d'une hardiesse magnifique, ces vaillants de l'escadrille La Fayette, et l'un d'eux, l'adjudant Lufbery, abat son 5e avion officiel. Au crépuscule, nous atteignons les Vosges, 3 avions seulement hélas; mais le spectacle est féérique: tandis qu'au loin l'horizon embrasé nous envoie encore un reflet rouge qui, sur nos toiles vernies nous fait étinceler, en bas c'est presque la nuit, on confond les montagnes et les gouffres, nulle notion de relief n'est plus permise. Et voilà les derniers coups de canon qui nous saluent, tandis que, plus bas, à notre gauche, plusieurs Farman jaunes se détachent sur le fond noir: ce sont les escadrilles qui nous précédaient et que nous avons rejointes grâce à notre supériorité de vitesse.
  • Et nous voilà 3 avions seulement, au retour de cette grande randonnée; des lambeaux de toile frissonnent au vent, car nombreux sont les éclats qui ont atteint les appareils et, dans les combats, les ennemis ont laissé de multiples traces.

Le chef d'escadrille juge prudent de toucher terre le plus vite possible, car la nuit s'obscurcit davantage; il atterrit en pleines Vosges, sans incident, suivi de près par le Nieuport de l'adjudant Norman Prince. Celui-ci, moins heureux, heurte un câble de courant à haute tension et se brise les membres; deux jours après l'héroïque Américain recevait la Croix de la Légion d'Honneur mais expirait malgré des soins multiples. Les deux autres équipages réussissaient à gagner notre camp où une vive anxiété régnait.

  • Un de nos camarades, cependant, n'était pas resté en territoire ennemi comme nous le supposions. Nous avons laissé, en effet, le caporal T. aux prises avec un bi-fuselage ennemi, vers Emmendingen.

 

lescuyer

Jean Lescuyer (escadrille VB 101) explique à Robert Labbé de Montais (escadrille BM 120) la manière de sortir de la vrille.

Trois autres ennemis se joignaient au premier pour abattre notre camarade, l'obligeant à descendre à moins de 500 mètres. Contraint de lâcher ses bombes pour se défendre plus aisément, T. lutta vaillamment contre ses adversaires. Son avion était criblé de balles, deux réservoirs d'essence crevés perdaient le combustible, et deux commandes coupées rendaient dangereuses les acrobaties obligatoires à nos deux camarades. Sans cesse mitraillant l'un et l'autre boche, le caporal V. coopérait à la sauvegarde de l'avion. Rasant les villages ennemis, passant le Rhin à 200 mètres, toujours assaillis par leurs adversaires acharnés, les deux amis se virent bien souvent perdus, et puis, leur provision de cartouches étant épuisée, leur salut semblait peu certain. Néanmoins, à force d'énergie et d'adresse, T. repassait les lignes à très faible altitude, ou alors, impuissants, ses adversaires l'abandonnaient. Le premier terrain venu fut le refuge du grand oiseau blessé, miraculeusement revenu d'une pareille échauffourée.

Quarante-huit balles avaient traversé l'appareil dans tous ses organes, brisant commandes et haubans, transperçant deux réservoirs, mais par bonheur n'atteignant aucun des passagers.

  • Et depuis cette mémorable journée, des renseignements précis nous ont appris le sort des quatre équipages, camarades tombés au-delà du Rhin: quatre camarades sont, morts, ce sont les pilotes Mottay et de Montais, les mitrailleurs Marchand et Haas. Nos quatre autres amis sont prisonniers.
  1. G. L. »

------

Non rentrés:

Adjudant Baron, sergent Guerineau, caporal Georges, sergent Jouan, maréchal des logis de Montais, soldat Haas, sergent Marchais, caporal Bouet, Delcroix, soldat Luneau, maréchal des logis Barlet.

 

Le 25 août 18 breguet BM 4 à moteur renault de 220 ch sont livrés à Luxeuil puis 2 autres deux jours plus tard.

arrivée N 124 le 20 septembre

 

 

prince

Norman Prince, Nieuport 16 n°1434. Behonne. Juin 1916.

(© Coll. G. VanWyngarden)

 
Norman Prince : accident mortel à l’atterrissage.

Conclusions

Arrêt du bombardement de jour

  • Rapport d’activités de l’escadrille N 124.

Pilotes lieutenant Delaage (4heures) adjudants Prince, Masson (3 heures), Lufbery (2 heures).

Lieutenant Delaage :

« Parti de Luxeuil avec l'escadrille Breguet à 1h 45. Les avions ont été accompagnés sans incident aux lignes. 7 Breguet passent les lignes au Sud de Kaysersberg. Attaque un ennemi venant lui-même attaquer un Breguet. Vu tomber cet avion sous les coups de la mitrailleuse du Breguet. Abandonné les Breguet à Ettenheim, 6 appareils bien groupés. 4 ou 5 avions ennemis sont en vue. Ai piqué sur un Fokker attaquant le dernier Breguet.

Atterrissage à Corcieux faute d'essence.

Reparti à 4h, trouve l'escadrille de Breguet entre Rappoltsweiler (Ribeauvillé) et Schallstadt. Retour sans incident. Atterrissage à Plombières à cause de la nuit. »

Adjudant Lufbery.

« Au cours d’un vol de mission, a eu un combat avec un avion ennemi qui est tombé en vrille au-dessus de Schelstadt. Confirmé par un observateur. Un avion abattu. »

Adjudant Prince. Attaque et abat un avion ennemi. En atterrissant à Corcieux, son appareil accroche un fil de force. Capotage violent. Rupture des deux jambes, genou éclaté; transport à l'hôpital à Gérardmer.

Dès le lendemain son état s’aggrave et il décèdera le 14 octobre d’une hémorragie cérébrale.

Adjudant Masson:

« Vol de mission. Panne d'essence au retour à 20km environ au Nord de Belfort. Fait essence à Belfort. Un combat à l'Ouest de Neufbrisach, après avoir tiré une cinquantaine de balles sur un Aviatik, l'ai vu descendre en vrille et l'ai perdu de vue à l'Ouest de Neufbrisach. Mitrailleuse enrayée. Un appareil abattu. »

De l'attaché militaire de l'ambassade Française à Berne.

""Un soldat français évadé d'Allemagne et arrivé en Suisse le 30 octobre a fait la déclaration suivante:

Lors du bombardement d'Obendorf par les avions français je me trouvais dans cette ville où je travaillais à la construction de nouveaux bâtiments destinés aux usines Mauser. Le bombardement a été inefficace quant à ses résultats pratiques. Les projectiles, en effet, ont atteint non l'ancien bâtiment de l'usine, le seul où l'on travaille actuellement, mais les bâtiments nouvellement construits et non encore utilisés par les usines mauser.

Les bâtiments encore inoccupés sont reconnaissables d'une part au rouge vif de leur toiture, et d'autre part en raison de la forme en shed de ces toitures et des bâtiments alignés parallèlement et distants de 50 mètres environ du vieux bâtiment qui se distingue par la couleur rouge foncé des briques de sa toiture.

À Obendorf sont employés comme travailleurs à la construction des usines Mauser 500 prisonniers français et 100 russes.

N'ayant passé que 3 jours dans le chantier de cette ville je n'ai pu recueillir aucun renseignement sur l'activité des usines Mauser".

Brisés à l'atterrissage

Farman XLII N° 2510, 30 HP. N° 2481 130 HP. F 42

Nieuport XVII N° 1790. N 17

brisés à l'atterrissage au retour de l'expédition

15/10 :

Le lieutenant-colonel Barès adresse à tous les pilotes français et anglais qui ont pris part à l'expédition d'Obendorf ses plus sincères félicitations pour le courage qu'ils ont déployé et pour les résultats obtenus.

La N 75 est à Luneville . elle venait d’arriver.

Les Farman doivent traverser seuls la Forêt Noire jusqu'au but, c'est-à-dire jusqu'aux usines Mauser d'Oberndorf. Sur Sopwith biplace je suis le seul chasseur faisant tout le trajet et je suis très fier de cet honneur. Nous partons par escadrille de 10 minutes en 10 minutes. La F. 29 part la première, elle fait le bombardement jusqu'au bout, elle n'a presque point d’incidents en route en dehors des coups de canons qui la saluent largement et d'un combat où le sergent pilote D. et le sergent mitrailleur B. descendent très probablement un Boche.

Notre escadrille la F. 123 part la seconde, les lignes situées à cet endroit à 1.200 mètres d'altitudes sont passées entre 400 et 600 mètres de hauteur. Le caporal Tondre, touché aux lignes peut ramener son appareil sur les Vosges et se blesse à l'atterrissage. Il ne reste donc en tout que 3 Farman de bombardement, pilotés par l'as Baron, le remarquable spécialiste des vols de nuit, le lieutenant Cornu et le caporal brevet Georges, qui achève sur le juste de passer son brevet de pilote sur le front.

Jusqu'à Colmar nous n'avons à faire qu'à l'artillerie allemande qui ne ménage pas ses coups. Entre Colmar et Neue-Brisach le barrage d'artillerie est fantastique: un obus traverse de plein fouet la carlingue de Baron qui tombe. On sent que le pilote lutte de toute son énergie, il réussit par moments à ramener l'appareil en vol normal, mais hélas! jamais pour bien longtemps et le Farman s'écrase sur le sol.

Voici le Rhin, les Nieuport nous quittent pour refaire le plein de leur réservoir.

Des escadrilles de Boches, qui ont pris leur vol au passage de la F. 29, arrivent sur nous. Je me dirige sur l'un d'eux, voulant avoir l'initiative du combat et laisser le temps aux Farman de passer, mais j'aperçois tout à coup deux ennemis venus d'un autre côté attaquer mes Farman. Je pique sur le plus proche un Fokker monoplace et je commence le combat. Le malheur veut que le brave petit Georges voulant faire face au Boche qui l'a pris sous la queue se place dans ma ligne de tir, le temps de chercher une nouvelle position et le malheureux est descendu en feu. J'assassine immédiatement le Fokker, qui après son exploit, se dirigeait vers le dernier Farman, piloté par Cornu. Il était temps, car l'autre appareil, un tout petit biplan biplace d'un type absolument nouveau, piquait derrière moi. Beaucoup plus rapide que mon avion, il évoluait avec une remarquable souplesse. Ce devait être un as qui tâchait de m'émerveiller avant d'essayer de m'abattre pour me laisser sans doute une vision d'esthétique aérienne dans les yeux. Mais je ne me laisse pas prendre à la supercherie, je reste aussi calme que je le puis et mon mitrailleur, Pichon, un champion dont les bombardements et les combats ne se comptent plus, s'apprête à recevoir le Boche comme il convient. C'est un duel effrayant qui semble interminable. L'ennemi ne nous quitte pas, il insiste, cherche et trouve plusieurs fois la bonne position, ses balles font un bruit macabre dans mon appareil et mettent hors d'usage notre mitrailleuse fixe. Fort heureusement mon brave Pichon ne se démonte pas pour si peu et d'une salve à bout portant fait s'effondrer ce Boche. Pendant ce temps, sur un appareil absolument incapable de se défendre le lieutenant Cornu, paisible et serein, continue tranquillement sa route vers le but qu'il doit bombarder. J'avoue que je reste pétrifié d'admiration. Cornu a vu descendre tous les bombardiers, il a vu les Boches monter en groupes et sait qu'il a à peu près 99 chances d'être descendu s'il continue, mais il va quand même de l'avant pour accomplir jusqu'au bout sa mission. Moi qui ne suis plus qu'un chasseur, et qui avant de l'être ai pu estimer les risques autrement périlleux du bombardement de jour, j'avoue que je m'incline devant ces bombardiers trop ignorés. Je rattrape Cornu et par une chance fantastique les Boches nous laissent tranquilles, ils sont allés s'en prendre aux Breguet qui nous suivent. Le retour s'effectua en plein nuit, Cornu atterrit sans grand mal heureusement sur un sommet des Vosges à quelques mètres à peine d'un précipice et j'eus le bonheur après 6 heures de vol, complètement perdu dans l'obscurité, de voir soudain au moment de la panne d'essence, le terrain s'allumer quelques minutes juste au-dessous de moi, pour le capitaine Bonne et le caporal Vachet qui partaient de nuit bombarder Fribourg. Les Breguet partis 10 minutes après nous eurent à subir des combats homériques qui feront l'objet d'un prochain article. Les Anglais accomplirent le raid comme à la manœuvre: ils perdirent trois des leurs, mais rendirent avec usure la politesse aux Boches. Deux Américains, Prince qui devait se tuer au retour et Lufbery abattirent chacun un avion. équipages en tout étaient tombés chez les Boches, mais ils furent largement vengés. Sergent de Gaillard.

--

La bataille qui se déroula au cours du bombardement des usines Mauser, fut à peu de chose près la reproduction de cette rencontre. C'est le même groupe qui dut soutenir le choc. Nous étions 40 tant Anglais que Français. Les Boches nous accueillirent d'abord avec les obus, ensuite avec les avions de chasse. L'adjudant Baron, le glorieux spécialiste des vols nocturnes, qui n'aurait jamais dû se trouver dans une semblable expédition où n'importe quel autre aurait pu tenir sa place, recevait un obus de plein fouet dans son appareil et venait s'écraser sur le sol. Six des nôtres et trois des Anglais disparaissaient au cours de la randonnée. Les effets de l'attaque étaient prodigieux et notre passage produisait d'importants ravages. Le groupe d'escorte était formé par les pilotes de l'escadrille Mais, le parcours étant trop considérable, il n'assurait la protection que pendant une partie de l'aller et une partie du retour. C'est lorsqu'il n'était plus là que les chasseurs allemands fonçaient parmi les bombardiers. Les Américains vengeaient nos victimes : l'adjudant Lufberry remportait sa cinquième victoire qui lui valait la citation au communiqué, l'adjudant Didier Masson abattait un autre avion, l'adjudant Norman Prince triomphait à son tour, mais atteint grièvement, capotait en atterrissant au retour, se brisait les deux jambes et mourait le lendemain. D'autres enfin, les sergents Degaillard de Valdène et Tanner, notamment, abattaient des Fokkers. Nous avions perdu des nôtres, mais nous avions infligé de lourdes pertes à l'ennemi déjà si cruellement touché par l'efficacité de notre attaque.  

--

lettre à Paul

De Laage descendit un autre appareil allemand le12 octobre, lorsque l'escadrille La Fayette escorta les aéroplanes qui bombardèrent Obendorf, mais cela ne fut pas constaté officiellement. Il fut cependant cité à l'ordre de l'armée en ces termes:

«Lieutenant de Laage de Meux, de l'escadrille N. 124. Officier pilote très courageux. A pris part le 12 octobre 1916 à l'opération de bombardement d'Oberndorf et dégagé plusieurs fois les appareils qu'il était chargé de protéger en attaquant de très près les appareils ennemis qui s'approchaient.»

---

Selon Mc Connell

Le lieutenant de Laage abattit son Boche alors qu'il attaquait un avion français, Masson en fit autant. Le soir il racontait ainsi son combat:« Tout d'un coup je vis un Boche venir entre moi et le Bréguet que je suivais. Aussitôt je commençai à tirer et Dieu me damne si je ne l'ai pas abattu.»

Les Sopwith arrivèrent les premiers à Oberndorf. Passant très bas au-dessus des manufactures Mauser ils jetèrent leurs bombes et prirent le chemin du retour.

Tous revinrent au bercail sauf un qui se perdit et alla atterrir en Suisse. Quand les gros avions de bombardement atteignirent Obendorf ils ne virent que flammes et fumées à l'emplacement où se trouve la manufacture d'armes et c'est sur un immense incendie qu'ils déversèrent leurs explosifs.

Les Nieuport ayant refait le plein de leurs réservoirs repartirent pour chasser du ciel les avions allemands qui pouvaient guetter l'expédition à son retour. Prince en surprit un et en vitesse l'expédia au sol. Lufbery s'attaqua à trois autres. Il plongea sur l'un d'eux, l'obligeant à descendre en-dessous des autres, puis fit face à un second qu'il contraignit également à piquer. Il attaqua alors celui qui restait. Le combat fut court et à la fin l'Allemand s'écroulait au sol.

--

 

Armées

Aviation de corps d'armée

Bombardement

Chasse

Observation

Parc et Réserves