Observation et photographie

Préparation des bombardement

La photographie aérienne pendant la guerre 14-18

Appareils Photographiques

L'appareil de 26 cm de foyer

Laboratoire Photos

 

Observation et photographie

Interprétation de photos aériennes en 1915 à la Ve armée


INTRODUCTION

Deux conférences sur l'interprétation des photos aériennes à l'escadrille MS 12 ont été faites les 12 et 25 Novembre 1915 au Q.G. de la Ve armée à Jonchery devant le général Franchet d'Espèrey et sans doute à sa demande.
Chaque conférence a fait l'objet de trois petits livrets au format d'une photo aérienne (24x18): Résumé, Photos, Croquis. Un des quatre officiers ci-dessous peut les avoir faites:
- le commandant de Rose
- le capitaine de Bernis, le sous-lieutenant Chambe, le sous-lieutenant Robert

Les photos sont développées dans la "voiture photos" stationnée ici derrière le bureau del'escadrille.

La zone de reconnaissance de la MS12 est indiquée sur cettecarte au1/600.000 [QG de la Ve armée à Jonchery - Terrain de la MS12 à Muizon- Rayon d'action à 15 minutes du Morane] où figurent le QG de la Ve armée à Jonchery, le terrain de la MS12 à Muizon et le rayon d'action à 15 minutes du Morane

 


Résumé de la Conférence du 12 Novembre 1915


Travaux ennemis de première ligne (partie 1/2)


Sapes

1° - Tranchées de tir

a) Le plus fréquemment, les tranchées de tir allemandesse présentent, en plan, conformément au croquis 1 (carnet de croquis nonretrouvé). Les éléments de tranchées ab, a'b' sont aménagés pour le tir, ils sont élargis pour permettre l'installation d'une banquette de tir dont le tracé, moins noir que le fond de la tranchée, est visible sur quelques photos (photo 466).
L'aménagement de créneaux de tir se révèle souvent dans le parapet par de légers sillons (photo 468).
Les éléments curvilignes c, c', c'' forment traverses.

Parfois au lieu d'une seule banquette par élément ab, l'ennemi ménage un emplacement spécial pour chaque tireur (croquis 1 bis).
DaNs les régions réputées peu tranquilles, l'ennemi double fréquemment sa tranchée de tir par unetranchée de circulation. Cette dernière est elle-même en liaison directe et rapide avec les abris voisins d'une part et avec la tranchée de tir de l'autre. L'ennemi peut ainsi en cas d'attaque, alimenter rapidement et sans bousculade ses créneaux de tir (schéma2 ,
photo 692).

b) Parfois, les traverses ont une forme rectangulaire et la tranchée de tir présente en plan l'aspect d'une"grecque", conformément au croquis 3 (photo 606).

c) Enfin, l'ennemi creuse quelquefois des postes de tireurs nettement détachés de la tranchée principale. Cette dernière suit un tracé plus ou moins contourné pour éviter les coups d'enfilade; elle dessert une succession de petits éléments de tranchées abcde aménagés pour recevoir 1 ou 2 ou plusieurs tireurs (croquis 4, photo 695).


2° - Tranchées-abris

Les tranchées-abris, établies dans le principe à une cinquantaine de mètres en arrière des tranchées de tir, sont presque toutes transformées aujourd'hui en tranchées de tir. Elles constituent une seconde ligne de défense et les hommes trouvent une retraite plus sûre dans les abris-cavernes qu'ils ont creusés en grand nombre (photo693).
Le tracé des tranchées-abris est semblable au tracé du croquis 1. Il n'en diffère que par l'absence de banquettes ou de postes de tireurs.


3°- Communications

Les tranchées de tir et les ouvrages de toute nature sont desservis par un réseau de parallèles et de boyaux.
Les parallèles ou tranchées de communication sont en général établies parallèlement au front, sans précaution spéciale: le schéma 2 en fournit un exemple. Au contraire, dès que les boyaux atteignent quelque longueur, ils sont tracés en crémaillère.

Chaque secteur est desservi et relié aux centres d'approvisonnement par un ou plusieurs boyaux dont la longueur varie avec l'éloignement de la zone défilée à nos vues et la largeur avec l'importance du trafic.
Ces boyaux sont établis le plus souvent suivant le tracé dit à crémaillère (5). Parfois, ils sont du type de la sape à traverse (croquis 6). Parfois enfin, ils sont abrités des coups d'enfilade par des traverses demi-circulaires analogue sà celles couramment employées pour les tranchées de tir (7).
Ces deux derniers tracés sont long à établir, ils obligent à de fréquents détours et ralentissent le ravitaillement et la relève; ils ne sont employés que dans les zones particulièrement battues. Fréquemment des traverses demi-circulaires sont aménagées après coup dans les éléments de boyau à crémaillères dont l'alignement forme un angle trop faible avec l'orientation générale du tir de notre artillerie (
photo 691).
L'importance et le débit des boyaux peut être évalué d'après leur largeur, mais il semble que l'ennemi s'attarde rarement à élargir les boyaux au-delà de 1m50; aussi ces derniers sont-ils souvent doublés d'une piste à découvert (photo 693 bis) qui peut être suivie de nuit sans inconvénient. Ces pistes paraissent particulièrement nombreuses et fréquentes dans le voisinage des batteries casematées ou des minenwerfer (photos 586, 602,
photo 604).


4° - Travaux d'approche

Pour ses travaux d'approche, l'ennemi creuse des sapes en avant de la tranchée de tir. Ces sapes ne sont biens souvent que l'amélioration d'anciennes pistes conduisant aux postes d'écoute. Elles sont d'ordinaire établies suivant let racé 5 (sape à crémaillère), rarement suivant le tracé 6 (sape à traverses). Dans les régions fortement battues par notre artillerie, elles sont fréquemment blindées (photo 467).


Abris

Un assez grand nombre d'abris échappe aux vues. En effet, l'on a pu constater en Champagne que l'ennemi creuse souvent en toute première ligne des abris-cavernes dans le mur avant de la tranchée de tir, comme l'indique le croquis 8 (photo D 4).
Le déblai sert à remplir des sacs à terre qui sont transportés ailleurs et il ne subsiste aucun indice extérieur permettant de repérer l'abri.
Cette méthode de travail parait toutefois peu usitée devant le front de la Ve armée.
Les abris sont en général aménagés de part et d'autres des boyaux de communication qui se ramifient eux-mêmes sur la tranchée de tir. Ils sont de forme rectangulaire et desservis par des éléments de boyaux, ceux-ci se détachent des boyaux de communication de manière à donner accès aux abris par leur face arrière (croquis 9,
photo582).

On suit très bien sur les photos les diverses phases de la construction des abris: l'ennemi commence par creuser le boyau d'accès et la fosse rectangulaire. Lorsque celle-ci est suffisamment profonde, il établit le boisage et le recouvre de l'épaisseur de terre suffisante (1m50 d'après les relevés faits en Champagne). Le talus qui entoure le toit (photo D 19) est d'ordinaire plus haut que lui et contribue ainsi à sa protection.
Un tel abri n'est pas à l'épreuve des gros projectiles, aussi communique-t-il avec une cave profonde de 5 à 6 mètres (photo D 3 - entrée d'une cave à munitions) aménagée comme celle du croquis 8 mais naturellemnt invisible sur les photographies.
La méthode d'aménagement des abris n'est pas toujours conforme au croquis 9 . Elle comporte au contraire de nombreuses variantes. Le boyau d'accès à l'abri, part quelquefois directement de la tranchée de tir, il ne pénètre pas toujours dans l'abri par sa face arrière. Souvent enfin , l'abri est tout simplement desservi par deux petits éléments de boyaux issus de la tranchée de tir (croquis 10,
photo 597).

Bien entendu, il serait illusoire de vouloir assigner à tel ou tel abri un rôle particulier. Il est vraisemblable que certains abris servent de refuge pour les hommes, d'autres renferment des munitions, d'autres encore sont utilisés comme poste de commandement ou de pansement, maisr ien dans leur forme extérieure ne permet de le différencier.
Seul leur emplacement, leur éloignement plus ou moins considérable de la première parallèle peut donner une indication sur leur rôle tactique. A titre d'exempe,les groupes d'abri de la
photo 586 ménagés entre deux boyaux à grand débit semblent bien servir de place d'arme.


Feuillées

Les nombreuses feuillées aménagées par l'ennemi jusqu'au voisinage des toutes premières lignes ne doivent pas être confondues avec des abris de plus grande importance. Elles sont d'ordinaire creusées auprès d'une tranchée ou d'un boyau de communication et affectent en plan la forme du croquis 11 .
A part les feuillées pour malades installées à l'arrière, elles sont habituellement à découvert (photo D 5 ,feuillées pour malades).


Observatoires

De nombreux observatoires sont ménagés dans la tranchée de tir. Ils sont d'ordinaire à découvert et se distinguent aisément sur les photographies par 2 échancrures du parapet (12 ).
Lorsque l'observatoire est plus avancé, il est le plus souvent couvert et relié à la tranchée de tir par un boyau également couvert. De tels observatoires se rencontrent surtout aux saillants de la ligne ennemie (
photo 690).

Enfin les postes d'écoute rentrent dans la catégorie des observatoires. Ce sont d'abord de simples trous d'homme reliés à la tranchée de tir par des pistes, puis par des boyaux; dans la suite les postes d'écoute sont aménagés comme de véritables observatoires; ils ne se trouvent généralement pas dans le prolongement exact du boyau qui les dessert, mais légèrement décalé sur la droite ou sur la gauche de manière à être abrités du tir ami (14, photo 468). D'amélioration en amélioration, le poste d'écoute finit par devenir un observatoire avancé couvert et même desservi par un boyau blindé.
Il arrive que l'ennemi n'hésite pas à installer une mitrailleuse dans un poste avancé sérieusement construit (photo 466).

 

Références: Service aéronautique de la Ve armée - Archives du Maréchal Franchet d'Espèrey
Remerciements Christian de Gastines

 

Travaux ennemis de première ligne (partie 2/2)


Mitrailleuses

La recherche des emplacements de mitrailleuses sur les photos à grande échelle est une chose possible; mais il est illusoire de compter sur une précision absolue.
Toutefois l'examen général de la ligne ennemie permet de localiser les recherches. Cet examen joint aux renseignements fournis par nos patrouilles et nos observateurs de tranchées permet dans bien des cas de fixer exactement l'emplacement d'un grand nombre.

Les indices tactiques permettant de localiser les recherches sont les suivants:
1 - L'ennemi dispose de préférence ses mitrailleuses aux saillants et aux rentrants de sa ligne de manière à obtenir un flanquement aussi parfait que possible de son front.
2 - Les vues de l'emplacement de la mitrailleuse sont d'ordinaire insuffisantes; elles sont éclairées par celles d'un poste d'écoute ou d'un observatoire nettement détaché de la ligne.
3 - L'emplacement de mitrailleuse est presque toujours voisin d'un abri résistant important.

Sur les photographies les emplacements se reconnaissent aux dispositions suivantes:

1 - Emplacement à ciel ouvert ( photo 692, 695)
En plan, l'emplacement à ciel ouvert se présente sous l'aspect de deux redans qui se détachent nettement de la tranchée de tir (croquis 15).
Comme le montre le croquis 16 , le redan le plus profond aboutit à un créneau ménagé dans le parapet et reçoit la mitrailleuse; l'autre porte les caisses à munitions.
2 - Emplacement de mitrailleuse sous abri résistant (photo 466, 689)
Ces abris sont presque toujours installés dans une traverse de la tranchée de tir. On les distingue sur les photos à l'abondance du déblai, à l'élément de boyau souvent visible au milieu ou sur le côté de la traverse demi-circulaire et au créneau quelquefois visible (croquis 17).
Cette apparence ordinaire correspond bien au plan d'installation du réglement allemand (croquis 18).


Minnenwerfer - Canons de tranchées

Il faut chercher les minnenwerfer et les canons de tranchée en arrière de la tranchée de tir.
Ils sont d'ordinaire installés dans des abris rectangulaires desservis par un élément de boyau issu d'une tranchée de communication. Ces abris sont entièrement découverts ou partiellement blindés avec simplement une ouverture pour le passage du projectile. Tel est le cas du croquis 19 qui représente un abri de minnenwerfer en Champagne (photo 602).

Fréquemment l'ennemi avance des pièces de campagne jusqu'aux tranchées de première ligne. Elles semblent être le plus souvent installées et ravitaillées de nuit, les boyaux ayant souvent une largeur suffisante (2m) pour permettre leur passage.
Les pistes laissées par les voitures de ravitaillement ainsi que les nombreux abris adjacents aident à dévoiler leur présence.
Enfin, elles sont en général défilées derrière un mouvement de terrain.
Sur les photographies les pièces casematées se reconnaissent aisément; des abris de forme régulière sont aménagés devant une parallèle creusée pour le passage des servants et l'approvisionnement des pièces (photo 604).

Un boyau relie cette parallèle à une tranchée abri et à des abris résistants d'une importance inacoutumée (croquis 20). Les pièces peuvent être simplement enterrées (photo 586).


Défenses accessoires

Les réseaux de fil de fer sont très souvent perceptibles sur les photos. Ils se présentent sous l'aspect de bandes légèrement plus foncées que le sol. Leur épaisseur peut être aisément déterminée. Leur nature même peut être dévoilée: les chevaux de frise paraissent sous forme de points brillants caractéristiques (photo 693 bas). Il ne faut pas seulement chercher les fils de fer en avant des tranchées de tir, mais aussi en arrière des premières lignes, autours des centres résistants importants (villages, etc... photo 588).
Les passages libres laissés dans les réseaux pour la circulation des patrouilles se reconnaissent aisément. A cet endroit les pistes suivies par l'ennemi ont un aspect contourné caractéristique (photo 695 centre).
Les trous de loup se présentent sous l'aspect d'un chapelet de points blancs (croquis 21).

Après une préparation d'artillerie, on peut reconnaître sur les photographies les zônes de coupure du fil de fer, à la trace laissée par les tirs systématiques du 75 (photos 601 avant la préparation, photos 686 après).


Fils téléphoniques

Souvent l'ennemi préfère enterrer ses lignes téléphoniques dans un fossé spécial comblé soigneusement plutôt que de leur faire suivre les murs des tranchées où les risques de détérioration sont plus grands.

Ces lignes enterrées laisent sur le terrain des traces blanches en relief qui se distingent nettement des tranchées couvertes par leurs faibles dimensions transversales et surtout par leur aspect rectiligne (photo 604 et 681).


Voies de 60

Au 1/50.000, échelle moyenne des photos obtenues avec l'appareil de focale F = 50 cm, les rails d'une voie de 60 paraissent écartés de 0,12 mm, quantité supérieure au pouvoir séparateur de l'oeil. Aussi peut-on les distinguer aisément (photos 610, 602).

L'ennemi emploie ces voies étroites jusqu'en première ligne (photo 602). Elles sont surtout utilisées pour le ravitaillement des batteries dont nous verrons l'organisation dans un prochain fascicule.


 

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