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Besnier Alfred
Né le:
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BESNIER Alfred
Lieutenant-pilote aviateur  
(64e RI puis Escadrille 215)

 
Né à CAMPENEAC (Morbihan) le 12 décembre 1893, élève de Saint François-Xavier de 1907 à 1910, entre au Grand Séminaire de VANNES et le quitte après un court passage, comme clerc minoré, en 1913.
 
En 1914, il revient d’Angleterre en France après la déclaration de guerre, est incorporé au 64e régiment d’infanterie à ANCENIS où bientôt, après un entraînement tout spécial, il commande une Section comme Aspirant .
En mars 1915, il part pour le front . Le 8, il écrivait ces mots à son premier maître : « J’ai reçu brusquement  vendredi soir mon ordre de départ et me voici déjà à CREIL … Je suis content, plein d’entrain et de courage . Veuillez à l’occasion communiquer à mes bons parents mes heureuses dispositions . J’ai confiance que Dieu me protègera . En tout cas il ne m’arrivera que ce qu’Il voudra . J’adore sa divine volonté . Priez pour moi ! Merci à nouveau de tout ce que vous avez fait pour moi…. En avant pour Dieu et pour la France ! Puisse-je faire quelque bien autour de moi là-bas ».
 
Il est nommé Sous-lieutenant au front et prend part à l’attaque d’HEBUTERNE .
Il est grièvement blessé au pied droit ; ses hommes, sur qui il exerçait une grande et bonne influence, lui témoignent leur profonde sympathie et leurs vifs regrets de le voir les quitter, lui qui commandait si bien .
Une glorieuse citation, malheureusement perdue, et la Croix de guerre sont la récompense de son courage et de son savoir-faire . Pendant longtemps, Alfred subit des traitements assez douloureux dans les hôpitaux . A un moment donné, il est menacé de se voir couper le pied blessé. Enfin il guérit, mais il reste boiteux et marche difficilement. Il n’est cependant pas réformé : du reste, il ne veut pas l’être . Il demande à servir dans l’aviation.
Refusé, il est employé dans les bureaux.
Cette vie de bureau pèse à son activité et son ardeur. Il renouvelle sa demande d’entrer dans l’aviation, et réussit cette fois.
 
Pilote diplômé, il écrit : « L’aviation est une arme dangereuse, mais aussi extrêmement passionnante . Les accidents mortels n’y sont pas rares et il faut être extrêmement prudent pour s’en garantir. Je tiendrai mon âme prête au cas, toujours et quotidiennement possible, où je devrais tomber ».
 
Le 11 mai 1917, il écrit à une sœur : « Ce matin même vers 8 heures, j’ai failli être descendu de 1000 mètres par un éclat d’obus d’abord qui a percé la toile de mon appareil, et par 5 avions de chasse allemands qui en 5 minutes m’ont tiré plus de 500 cartouches de mitrailleuses. Je n’ai point perdu la tête et je suis descendu en manœuvrant pour éviter les coups . Ces vilains boches - 5 contre moi ! - ont osé m’accompagner jusqu’à 25 mètres du sol, sans me permettre de me remettre à voler en ligne parallèle à la terre. J’ai cru un moment que j’allais y rester. J’ai fait mon acte de contrition et j’ai pensé à vous tous. Mon observateur a tiré à son tour , et à la fin les avions boches m’ont laissé. Je suis sur que demain, à leur communiqué, ils mettront qu’ils ont obligé un avion français à atterrir. C’est faux. J’ai pu rentrer sans encombre ».
 
Deuxième citation :
« Le Lieutenant-colonel commandant l’artillerie lourde du 32e Corps d’Armée cite à l’ordre du jour BESNIER, Sous-lieutenant, pilote, Escadrille 215, pour le motif suivant : le 11 mai 1917, en faisant un réglage de contre-batterie, a été attaqué sur les lignes par plusieurs avions allemands ; accompagné jusqu’à 50 mètres du sol, 4 balles dans l’avion, a repris de l’altitude et continué ses réglages ».
 
Hélas, ce fait glorieux devait être le dernier.
La France traversait les mois sombres de 1917. Un malaise général se faisait sentir. Les aviateurs en particuliers n’avaient plus, par suite d’accidents trop nombreux, la belle confiance, pourtant si nécessaire, dans les soins donnés à la construction des avions. Y avait-il réellement malfaçon et sabotage ? Le Lieutenant BESNIER racontait, en ces jours-là, à une sœur, ses inquiétudes et celles des ses camarades à ce sujet . Le lendemain 20 mai, il se rend à VILLACOUBLAY, sur l’ordre de son Capitaine, prendre livraison d’un avion d’un nouveau type déjà connu de lui.
L’avion s’éleva heureusement, lorsque à une cinquantaine de mètres d’altitude, il eut une perte de vitesse et vint s’écraser sur le sol. On accourt, le pilote était mort.
La France perdait un bon soldat. On eut préféré pour ce Lieutenant si bien doué, pour « ce héros » comme l’appelais son Capitaine dans un mot d’adieu, une mort plus glorieuse, mais, ajoutait-il « il est mort en faisant son devoir, comme il savait si bien le faire ».
Si la France perdait un bon officier, le ciel recevait un bon serviteur de Dieu. Alfred BESNIER n’avait pu réaliser ses premiers rêves de dévouement pour les âmes, mais il tombait glorieusement victime de son dévouement pour sa Patrie. Belle et sainte mort qui gagne la vie éternelle !
 
(p.23 & 24 - « Le Collège Saint François-Xavier de Vannes au champ d’honneur - 1914-1918 » - G.Beauchêne éditeur Paris - 1923)

Remerciements Jean-Yves Rio